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Un voyage touristique à Venise/Venice/Venezia.
dimanche 17 novembre 2019, par
Par temps d’Acqua alta, c’est un peu différent...
Une semaine à Venise au temps d’acqua alta.
De retour au bercail, quelques remarques sur la semaine vécue à Venise frappée par l’inondation.
Faut-il le préciser au préalable, la pire calamité de la semaine, ce sont à nouveau les gilets jaunes et nous sommes heureux d’y avoir échappé ! Et combien d’amis m’ont raconté avoir été privés de visite par les grèves qui affectent si souvent la France, source de tristesse pour eux et de honte pour moi !
Nous, malgré les désagréments, nous avons eu la chance de pouvoir visiter la plus grande partie de la basilique Saint Marc lundi 11, le palais du Doge et le pont des Soupirs mardi 12, avant leur fermeture.
Puis le musée Correr, à l’autre bout de la place Saint Marc mercredi 13.
De nombreuses églises dans toutes les paroisses, et surtout ce grand et bel espace ouvert, uniquement piétonnier mais pour l’occasion palmipède que reste Venise : le pont du Rialto, le ghetto, le palais Grassi, la punta della Dogano (seulement l’extérieur), les canaux et ponts à l’infini.
Et puis l’excellente cuisine vénitienne ou italienne, y compris dans cette trattoria qui proclame orgueilleusement « ici, on ne fait pas de pizza mais de la cuisine locale ».
Le meilleur, les cicchetti, ces petites tartines à grignoter comme les tapas en Espagne, surplombées au choix de crevettes, poulpe, baccala, pancetta, polenta blanche, coppa, sardines, seppie…
Mais aussi, quoique moins exclusivement local, polpette, risotto, pasta et pizza à foison ; sans oublier les douceurs, souvent trop sucrées (l’Orient est à la porte) mais qui méritent d’être goûtées, surtout ces petits fourrés au citron ou à la pistache.
Nous avions choisi un hôtel près de la place Saint Marc, une bonne idée d’ignorants : l’eau y est montée au plus haut et ce sont ces images qui ont fait le tour du monde.
Nous avons dû dès le premier jour apprendre à jongler avec les horaires de marée car sortir à marée haute, même chaussés de surbottes en plastique prêtées par l’hôtel, c’était combattre un fort courant avec de l’eau jusqu’à la cuisse. Inquiétant !
Une fois compris quel était le rythme optimal de nos journées coupées au milieu par la marée haute, nous avons pu sortir tous les jours, mais souvent sous la pluie pour en rajouter dans la liquidité du paysage.
Notre chambre était confortable et spacieuse, ce qui nous a permis d’y pique-niquer au besoin car rien n’a jamais manqué dans les magasins, et dans notre refuge sont restés disponibles électricité, chauffage, eau chaude, TV et internet, juste un peu faiblard.
Notre hôtel et nos billets d’avion étant payés, nous nous sommes conformés au programme prévu sauf le dernier soir, que nous avons décidé d’aller passer à portée de marche de l’aéroport. En effet, aucun taxi ne pouvant s’approcher de l’hôtel, nous risquions en y restant jusqu’à ce matin de devoir traverser l’eau à pied avec nos bagages pour rejoindre l’embarcadère, sans certitude que le bateau allait fonctionner.
Après une nuit dans un guesthouse convenable et 20 mn à pied (sous la pluie) jusqu’à l’aérogare, nous avons pris sans encombre mais pas sans nostalgie le vol de retour.
Nostalgie, d’abord, de la gentillesse des Vénitiens et de leur ténacité.
Dans l’hôtel, un personnel toujours affairé nous a servi sans faiblir nos roboratifs petits déjeuners et informés des prévisions.
En ville, les commerçants refaisaient chaque jour la toilette de leurs magasins souvent dévastés et de leurs vitrines boueuses, améliorant chaque jour le calfeutrage et réussissant dans ces conditions précaires à servir des touristes pourtant chaque jour moins nombreux. Et avec quelle bonhomie !
Hier samedi, des familles d’Italiens, avec les enfants privés d’école toute la semaine, se sont ruées sur le lac qu’était devenue la place Saint Marc pour prendre des photos et voir, succédant aux femmes et hommes politiques (Conte, Salvini, le Maire de Venise, Berlusconi et quantité d’autres personnages importants) venus pour se faire voir. La TV était là, les forces de l’ordre mobilisées par l’état d’urgence étaient là pour eux.
Car il faut quand même le dire, dans une circonstance comme celle-là, l’impuissance voire la nonchalance des pouvoirs publics ont paru dominer et les Vénitiens ne s’y trompent pas qui ne comptent que sur eux-mêmes.
Une polémique a surgi sur MOSE, le dispositif imaginé pour mettre Venise à l’abri avec un système de digues mobiles, ingénieux mais inachevé donc totalement inopérant après 20 ans et 6 milliards d’euro de travaux fortement plombés par la corruption.
Quand ce Moïse moderne sera-t-il achevé ? Est-ce vraiment la solution ? Le réchauffement du climat, donc la montée des eaux, accusés par tous d’être responsables de cette catastrophe qui n’est pourtant qu’un bégaiement de l’Histoire (la précédente a eu lieu en 1966), risquent de venir aggraver le phénomène avant même qu’on lui ait trouvé un début de parade.
Quant à nous, touristes impénitents, nous nous sommes promis de revenir quand même en choisissant une saison plus clémente, mais dans quel état seront les trésors de Venise à l’issue de ces inondations ?