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Un voyage au Japon A trip to Japan
lundi 26 mai 2025, par
Un voyage au Japon
A trip to Japan
L’auteur de ces lignes n’avait pu retourner au Japon l’an dernier, aussi c’est avec émotion qu’il a retrouvé cette route lointaine et séjourné 4 semaines dans l’archipel. Voici son journal de bord.
Dès son arrivée était organisé un dîner avec des dames quinquagénaires et on a naturellement parlé d’abord de recettes de cuisine, l’une d’elles est cheffe pour le plaisir, mais on a aussi évoqué des sujets plus publics.
L’histoire est bien connue : les menaces qui ont pesé sur Owada Masako pour qu’elle accepte d’épouser le prince héritier, aujourd’hui Empereur, alors qu’elle était une des diplomates les plus brillantes de sa génération. Quand elle a finalement cédé, elle a été littéralement coupée du monde, même son téléphone a été confisqué par la maison impériale, largement de quoi expliquer sa longue dépression. Sur les photos elle arbore un sourire figé, peut-être l’effet de tranquillisants. Avanie supplémentaire, elle n’a eu une fille qu’après la naissance du fils du prince héritier et l’incertitude règne sur l’ordre de succession. Un récent comité parlementaire, censé arbitrer entre les différentes hypothèses, y compris celle d’une Impératrice pour laquelle un précédent au Japon a en fait déjà existé, a préféré ne rien décider. Fort heureusement, l’Empereur régnant, très en forme, a de longues années devant lui.
Ce même jour ont eu lieu les funérailles du Pape François, ce qui ouvrira rapidement les portes au Conclave or nous venions de voir le film du même nom, étonnante anticipation de la réalité bien que tourné auparavant. Il décrit une situation qui ressemble beaucoup à celle que nous connaissons avec au moment de la fumée blanche une fin complètement inattendue.
On a également évoqué la situation politique en Europe, notamment les vains efforts du Président Macron pour résister à l’entreprise de destruction de Poutine.
Parmi toutes les raisons qu’avait l’auteur de ces lignes de revenir au Japon, le mastère sur lequel il essaie d’avancer, ce qui l’a amené dans diverses bibliothèques dont la première est celle de la Diète. Les bibliothécaires, sans lesquels il serait difficile d’aller plus loin car outre les difficultés propres à la langue s’ajoute l’usage exagéré de multiples codes, sont d’une gentillesse et d’une compétence remarquables. Y aller plusieurs jours est l’occasion de marcher le long du quartier de la Diète et ainsi de voir et entendre plusieurs manifs, quelques centaines de personnes étroitement surveillées par la Police mais qui se contentent de raconter leurs préoccupations dans un mégaphone, le matin ce sont des agriculteurs, et on sait qu’ils vont mal, certains disent même dans le journal que ça ne vaut pas la peine de continuer ; et en fin d’après-midi, des femmes qui dénoncent le « hara » (harassment), discrimination en l’occurrence masculine, écho involontaire au sujet du mastère.
Rien à voir sans doute, la série TV, autrefois celle de la NHK, aujourd’hui produite pour un syndicat de chaines et qui reste, après des décennies, une référence de la vie nippone, de l’évolution de sa société. Le « drama » du prime time, diffusé jour après jour après le petit déjeuner, met aujourd’hui en scène trois femmes d’âge mur, qui ont su retrouver un emploi après en avoir perdu un premier soit à cause d’un divorce, soit parce que des ennuis de santé avaient été noyés dans l’alcool, soit parce que la tyrannie masculine campée par un acteur au demeurant débonnaire était insupportable. Il façonne d’une certaine manière mais aussi reflète l’opinion publique. Car la différence remarquable avec les séries étrangères, enregistrées des semaines à l’avance, c’est que celle-ci l’a été généralement quelques jours avant la diffusion, ce qui lui permet d’être en phase avec les questions sociales, non pas comme en Occident avec des manifestations qui ont pour seule fonction de mettre en lumière ceux qui les organisent mais de manière plus légère par un autre genre de mise en scène. Un ami Français qui vit dans l’archipel depuis 1977 le confirme, le « hara » - la discrimination, l’abus d’autorité pouvant aller jusqu’au viol, cela passait naguère, mais c’est aujourd’hui rédhibitoire, comme ailleurs.
Le 1er Mai, la fête du travail est un jour férié suivi par les Japonais. C’est aussi, dans le roman Germinal d’Émile Zola publié en 1885, la grande grève des mineurs du Nord qui se termine mal pour eux. Zola écrivait vite, mais il lui a fallu un an pour que le récit soit publié et en attendant, un feuilleton dans le magazine Gil Blas a permis de patienter. N’y retrouve-t-on pas déjà la même inspiration qu’un siècle plus tard celle d’un « drama » : coller du plus près possible à l’actualité sociale ?
C’est toujours avec émotion que l’on revoit comme chaque année deux amis Japonais avec leurs épouses, connus il ya 35 ans, l’un à la retraite et l’autre qui en approche. Le plus jeune a eu, dans un de ses premiers postes de diplomate, la tâche ingrate d’appeler un peu partout sur le globe des ambassadeurs en poste pour leur dire qu’il était temps de partir à la retraite, avec en général deux mois de préavis – Elon Musk, avant de prendre ses distances avec l’Etat, accordait lui jusqu’au soir… Cette (relative) cruauté ne fait-elle pas partie de la saveur du Japon ? Cette esthétique qui mêle provisoirement l’excellence – c’est devant d’exceptionnelles tables que ces dîners ont eu lieu – et la douleur n’en est-elle pas un de ses charmes, le célèbre wabi-sabi ?
Tôkyô, ce sont aussi de remarquables expositions.
Foujita est né Japonais shintô mais a passé à Paris des décennies dès la 1ère guerre mondiale, pris la nationalité française et s’est même converti au christianisme, non sans revenir peindre le mur de 35 m du Musée d’Akita, sa ville natale, où il a rendu hommage aux traditions locales.
De ce cosmopolitisme sont nées les « 7 passions » qui font le titre de l’exposition en cours - c’est d’ailleurs le seul mot de français. Une fois de plus, c’est la précision d’un adepte des abstractions de son époque - surréalisme mais aussi cubisme - qui le rendent particulièrement remarquable. Fils de général, il a vite refusé de se battre mais utilise la palette pour faire une description sans complaisance des horreurs de la guerre.
Autre tableau, Shinjuku Gyoen : le parc le plus célèbre du Japon. C’est là qu’a lieu la fête d’admiration des cerisiers début avril dans ce qui était autrefois un parc impérial.
Ce dimanche, il est ouvert gratuitement et des milliers de personnes, profitant aussi du temps estival, se promènent, canotent, mangent leur pique-nique, marchent en bavardant et riant. C’est un des caractères du Japon : au coeur d’un des quartiers les plus animés de la capitale, le parc est assez grand pour qu’on y trouve des coins solitaires et tranquilles.
Autre lieu de beauté, le musée Nezu, toujours plus splendide : le musée proprement dit et son grand jardin, le tout à deux pas des tours du prétentieux quartier de la mode d’Omotesando avec ses marques françaises, italiennes etc. qui y ont fait gagner des fortunes aux boutiquiers.
Voilà un des côtés les plus attachants de ce pays : au cœur d’une capitale mondiale, le calme d’un beau jardin avec au centre un étang orné d’iris en pleine floraison, où le seul bruit est le cliquetis des appareils photo et où on peut même boire dans un bol de cérémonie du thé.
Pas de photos dans le Musée qui expose sculptures chinoises comme masques de Nô, une plongée dans l’Histoire au milieu d’une foule toujours attentive. C’est le retour d’impressions très anciennes : le public japonais, joyeux et parfois bruyant quand il se trouve dans un endroit où boire sans façons de la bière, est extrêmement attentif quand il visite une exposition, prenant la file sans resquiller alors que dans tant de villes la visite du musée n’est que prétexte à bavardages sans rapport avec ce qui est sur les murs. Admirable, cette capacité à passer de la décontraction à la concentration.
Le lendemain, on se perd sous une pluie battante dans le chaos urbain où tout se ressemble sans pouvoir retrouver son chemin : c’est ainsi que l’on découvre Tôkyô et ses innombrables quartiers. Et si un séisme subitement retentissait ? Un ami voulait que Michel Rocard soit averti du risque que cela présenterait dans une telle mégapole…
Heureusement, les séismes se produisent toujours dans des lieux inattendus, mais au cas où, les zones d’évacuation sont là, des exercices où l’on rampe dans la fumée sont censés permettre de survivre à l’incendie. Et sinon, même à l’hôpital, cet extrême soin porté aux patients, jusqu’à un simple salut respectueux à leur départ.
Kamakura, ancienne capitale shogunale à une grosse heure de Tôkyô : dès qu’on arrive à proximité, la verdure prend le dessus sur le béton et la mer est là, quelques surfeurs et voiliers, un golfe calme ur le Pacifique mais des marques un peu partout indiquant jusqu’où monterait un tsunami comme celui de 2011 qui a fait plus de 22 000 morts à Fukushima. Une seule solution : prendre ses jambes à son cou pour gagner séance tenante un point plus élevé, et bien sûr une affichette indique où se mettre en sécurité.
A part quelques parcours signalés par les guides, peu de touristes troublent la tranquillité des temples les moins fréquentés, incitant donc à la sérénité. Le rituel est partout le même : il faut rapidement se laver les mains au-dessus d’un récipient prévu à cet effet où l’eau de la montagne coule en permanence – 1600 mm par an de précipitations annuelles, la sécheresse ici ne menace pas malgré le changement climatique.
Une ville de culture ? C’est le week-end, matin et après-midi entre deux averses courtes promenades en bord d’océan parsemé de surfeurs et de voiliers, les plaisanciers en profitent pour s’adonner à leur loisir favori sous la houlette d’un moniteur – pas question au Japon de s’aventurer seul.
Sur le trottoir sont incrustées quelques citations, on reconnaît les noms de l’écrivain Natsume Soseki (1867-1916) et de la poétesse Yosano Akiko (1878-1942), ainsi que d’une écrivaine locale. Politique culturelle de la municipalité ? A Kamakura, nous promenant dans les temples et les grottes, au milieu des fleurs – entre autres des hortensias – accompagnés du chant du rossignol, nous avons eu la chance de visiter une exposition temporaire qui fermait le lendemain autour du célèbre peintre Hokusai (1760-1849) dont « La Vague » est mondialement célèbre – elle était là aussi puisque cette technique de gravure sur bois permet, par le nombre de reproductions qu’elle autorise, une diffusion large des œuvres ; mais le musée renferme principalement des peintures, que Hokusai a moins pratiquées dans sa (longue) vie, et qui témoignent d’un sens remarquable de l’observation par les scènes de la vie quotidienne qu’il croque.
Retour à Tokyo où l’auteur de ces lignes a rencontré un ami Français pèlerin. Oui, drôle de pèlerin, il va de temple en temple et cela peut atteindre 50km selon les parcours car parfois le chemin passe par des campagnes désertées et alors seuls des biscuits lui permettent de ne pas mourir de faim. Dans les zones plus urbanisées, il réserve logis et couvert – mais il faut parfois subir les ronflements d’un autre pèlerin. Alors, ce qu’il préfère, ce sont les longs trajets solitaires où il est face à lui-même. Pour cela, il faut accepter la lourde charge et les ampoules au pied mais, dit-il, « c’est dans la tête que ça se passe ». Un jour, le récit de ses randonnées qu’il est en train d’écrire sera publié.
C’est une chance d’avoir pu le rencontrer avant de quitter cet extraordinaire pays.
Péninsule d’Izu, quelle tempête ! Il fait un temps de saison des pluies avec un mois d’avance, c’est le dérèglement climatique disent les Japonais. Une mer de tempête, des côtes agitées donc dangereuses, ce n’est pas un jour pour la plongée. En revanche, à l’hôtel, luxe calme et volupté : c’est spacieux et confortable avec vue sur la mer - s’il faisait beau temps.
Osaka, rivale traditionnelle de Tôkyô : à l’Exposition universelle beaucoup de monde de tous âges, nombreux écoliers avec sur la tête le chapeau de leur établissement. Arriver jusque-là était pénible : métro bondé, longue attente pour franchir le portail d’entrée due surtout aux minutieux contrôles de police, le terrorisme est passé par là ; il faudra bien tendre une toile car déjà le coup de soleil frappe, une ambulance en témoigne ! Mais assis à l’ombre sur de confortables bancs en bois, les visiteurs Japonais mangent tranquillement les onigiri qu’ils ont apportés. Certains sont venus avec leur carré de toile qu’ils disposent à même le sol, comme pour la floraison des cerisiers.
Le commerce fonctionne : la boutique est noire de monde, on y vend carte, fétiches de toutes tailles, lunettes de soleil etc. Et surtout, la bonne humeur et la gentillesse comme toujours dans ce pays font passer les petits problèmes d’organisation. Une brève visite de l’Exposition, il s’agissait surtout de retrouver là l’ami qui dirige le pavillon français, un guide exceptionnel.
À travers la fenêtre du Shinkansen du retour, bonne surprise de voir le mont Fuji malgré les nuages et plaisir de contempler les rizières cultivées jusqu’au dernier centimètre, rectangles bien tenus et où le riz commence à pousser - il est grand temps car sa cherté due à une mauvaise récolte devient un problème politique pour le gouvernement - il a fallu changer le ministre de l’agriculture dans les jours suivants, son successeur est fils d’un ancien premier ministre, ce mode de désignation reste dominant.
Une remarque pour finir :
Le précédent article sur le voyage au Japon (décembre 2023) se terminait ainsi : « Voyons si les prochaines élections générales (au plus tard janvier 2025) portent au pouvoir un autre Japon, plus ouvert aux influences étrangères que sa majorité conservatrice. » Optimisme excessif : le gouvernement Ishiba, né le 1er octobre 2024, est fragilisé mais il tient bon !
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The author of these lines was unable to return to Japan last year, so it was with great emotion that he rediscovered this distant route and spent 4 weeks in the archipelago. Here is his logbook.
As soon as he arrived, a dinner party was organized with a group of ladies in their fifties. Naturally, the first topic of conversation was recipes - one of them is a chef for pleasure - but we also talked about more public matters.
The story is well known : Owada Masako was threatened into marrying the Crown Prince, now Emperor, despite being one of the most brilliant diplomats of her generation. When she finally gave in, she was literally cut off from the world ; even her telephone was confiscated by the imperial household, which goes a long way to explaining her long depression. In the photos, she wears a frozen smile, perhaps the effect of tranquilizers. As an added bonus, she only had a daughter after the birth of the Crown Prince’s son, and the order of succession is still uncertain. A recent parliamentary committee supposed to arbitrate between the various hypotheses, including that of an Empress whom Japan has in fact already known, preferred not to decide. Fortunately, the reigning Emperor, who is in very good shape, has many years ahead of him.
The same day saw the funeral of Pope Francis, which quickly opened the doors to the Conclave, and we had just seen the film of the same name, an astonishing anticipation of reality although shot beforehand. It depicts a situation very similar to the one we know now, with a completely unexpected ending at the moment of the white smoke.
Mention was also made of the political situation in Europe, in particular President Macron’s vain efforts to resist Putin’s destructive enterprise.
Among all the reasons the author of these lines had for returning to Japan, the master’s degree on which he is trying to make progress, which has taken him to various libraries, the first being that of the Diet. The librarians, without whom it would be difficult to go any further because, in addition to the difficulties inherent in the language, there is the exaggerated use of multiple codes, are remarkably kind and competent. Going there for several days is an opportunity to walk along the Diet district and thus see and hear several demonstrations, a few hundred people closely watched by the Police but who are content to talk about their concerns into a megaphone. In the morning, it’s farmers, and we know they’re in a bad way, some even say in the newspaper that it’s not worth continuing ; and at the end of the afternoon, women denouncing “hara” (harassment), in this case male discrimination, an involuntary echo of the subject of the master’s degree.
Nothing to do, no doubt, with the TV series, once the one of NHK, now produced for a syndicate of channels and which, after decades, remains a benchmark of Japanese life and the evolution of its society. Today’s prime-time « drama », broadcast day after day after breakfast, features three middle-aged women who have managed to find a new job after losing their first one, either because of divorce, because health problems had been drowned out by alcohol, or because the male tyranny portrayed by an otherwise easy-going actor was unbearable. In a way, it both shapes and reflects public opinion. For the remarkable difference with foreign series, which are recorded weeks in advance, is that this one was generally recorded just a few days before broadcast, which allows it to be in tune with social issues, not as in the West with demonstrations whose sole function is to highlight those who organize them, but in a more gentle way through a different kind of staging. As a French friend who has lived in the archipelago since 1977 confirms, “hara” - discrimination, abuse of authority up to and including rape - used to be a thing of the past, but today, as elsewhere, it’s a redhibitory factor.
May 1st, Labor Day, is a public holiday in Japan. In Émile Zola’s novel Germinal, published in 1885, it’s also the day of the miners’ strike in the north of France, which ends badly for them. Zola was a fast writer, but it took him a year to get the story published, and in the meantime, a serial in the magazine Gil Blas kept him going. Wasn’t the inspiration for this story the same as that of a drama a century later : to stick as closely as possible to current social events ?
It’s always with emotion that we meet up again, as we do every year, with two Japanese friends and their wives, whom we met 35 years ago, one retired and the other approaching retirement. The younger, in one of his first diplomatic posts, had the thankless task of calling ambassadors all over the world to tell them it was time to retire, usually with two months’ notice - Elon Musk, before distancing himself from the state, gave it until the evening... Isn’t this (relative) cruelty part of the Japanese flavour ? Isn’t one of its charms, the famous wabi-sabi, an aesthetic that temporarily blends excellence - it was in front of exceptional tables that these dinners took place - and pain ?
Tôkyô also boasts some remarkable exhibitions.
Foujita was born a Shinto Japanese, but spent decades in Paris after the 1st World War, took French nationality and even converted to Christianity, not without returning to paint the 35 m wall of the Museum of Akita, his hometown, where he paid tribute to local traditions.
From this cosmopolitanism sprang the “7 passions” that form the title of the current exhibition - the only word in French, incidentally. Once again, it’s the precision of a follower of the abstractions of his time - surrealism but also cubism - that make him particularly remarkable. The son of a general, he quickly refused to fight, but uses the palette to describe the horrors of war in a straightforward manner.
Another painting, Shinjuku Gyoen : Japan’s most famous park. This is where the cherry blossom festival takes place in early April, in what was once an imperial park.
On this Sunday, it’s open free of charge and thousands of people, also taking advantage of the summer weather, stroll, canoe, eat picnics, walk, chat and laugh. It’s one of the characteristics of Japan : in the heart of one of the capital’s busiest districts, the park is large enough to provide solitary, quiet places.
Another place of beauty, the Nezu Museum, ever more splendid : the museum itself and its large garden, all just a stone’s throw from the towers of the pretentious Omotesando fashion district, with its French, Italian and other brands that have made shopkeepers fortunes there.
This is one of the most endearing aspects of this country : in the heart of a world capital, the calm of a beautiful garden with a pond in the middle, adorned with irises in full bloom, where the only noise is the clicking of cameras and where you can even drink from a tea ceremony bowl.
No photos in the Museum, which exhibits both Chinese sculptures and Noh masks, a plunge into history in the midst of an ever-attentive crowd. It’s the return of very old impressions : the Japanese public, joyful and sometimes noisy when they find themselves in a place where they can drink beer without fuss, are extremely attentive when they visit an exhibition, queuing up without resquest, whereas in so many cities a visit to the museum is just a pretext for chit-chat with no connection to what’s on the walls. Admirable, this ability to go from relaxation to concentration.
The next day, we get lost in the pouring rain in an urban chaos where everything looks the same and we can’t find our way back : this is how we discover Tokyo and its countless districts. What if an earthquake suddenly struck ? A friend wanted Michel Rocard to be warned of the risk this would present in such a megalopolis...
Fortunately, earthquakes always happen in unexpected places, but just in case, the evacuation zones are there, and smoke-crawling drills are supposed to help you survive the fire. And then, even at the hospital, the extreme care given to patients, right down to a simple respectful bow as they leave.
Kamakura, a former shogunal capital, a hefty hour’s drive from Tokyo : as soon as you get close, the greenery takes over from the concrete and the sea is there, a few surfers and sailboats, a calm gulf on the Pacific but markings everywhere indicating just how high a tsunami like the one in 2011, which killed over 22,000 people in Fukushima, could rise. There’s only one solution : run for your life to reach a higher point, and of course there’s a sign indicating where you can find safety.
Apart from a few routes indicated by the guidebooks, few tourists disturb the peace and quiet of the less-frequented temples, so serenity is the order of the day. The ritual is the same everywhere : wash your hands quickly over a special container, where mountain water is constantly flowing - 1600 mm of annual rainfall means that drought is not a threat here, despite climate change.
A city of culture ? On weekends, mornings and afternoons between showers, short strolls along the ocean’s edge, dotted with surfers and sailboats, allow yachtsmen to indulge in their favorite pastime under the guidance of an instructor - in Japan, venturing out on your own is out of the question.
On the sidewalk are a few quotations, recognizable by the names of writer Natsume Soseki (1867-1916) and poetess Yosano Akiko (1878-1942), as well as a local writer. Municipal cultural policy ? Back in Kamakura, the heart of this region, we took a walk through the nearby greenery and abundance of temples and caves, surrounded by flowers - including hydrangeas - accompanied by the song of the nightingale, and had the chance to visit a temporary exhibition that was closing the next day on the famous painter Hokusai (1760-1849) of which “The Wave” is world-famous - it was there too, since this woodcut technique allows works to be widely reproduced ; but the museum mainly contains paintings, which Hokusai did less of in his (long) life, and which testify to a remarkable sense of observation in the scenes of daily life he sketches.
Back to Tokyo, where the author of these lines met a French pilgrim friend. He goes from temple to temple, up to 50km depending on the route, sometimes passing through deserted countryside, where only cookies keep him from starving. In more urbanized areas, he reserves room and board - but sometimes has to put up with the snoring of another pilgrim. So, what he prefers are long, solitary journeys where he’s left to his own devices. To do this, he has to accept the heavy load and the blisters on his feet, but, he says, “it’s in the head that it happens”. One day, the account of his hikes that he is currently writing will be published.
What luck to have met him before leaving this extraordinary country.
Izu Peninsula, what a storm ! Rainy-season weather a month ahead of schedule, as the Japanese say. Stormy seas, rough and dangerous coasts - not a good day for diving. At the hotel, on the other hand, luxury, calm and pleasure : spacious and comfortable, with a view of the sea - if the weather were fine.
Osaka, Tôkyô’s traditional rival : at the World Expo, lots of people of all ages, many schoolchildren wearing their school hats. Getting there was a pain : crowded subway, long waits to get through the entrance gates due above all to meticulous police checks, terrorism had been through here ; we’d have to stretch out a canvas because the sun was already beating down, as an ambulance testified ! But sitting in the shade on comfortable wooden benches, the Japanese visitors quietly eat the onigiri they’ve brought along. Some have brought their own square of canvas, which they lay out on the ground, as they do when the cherry trees are in bloom.
Business is brisk : the store is packed with people, selling cards, fetishes of all sizes, sunglasses and so on. And above all, good humor and kindness, as always in this country, make up for any organizational problems. A brief tour of the Exhibition, the main purpose of which was to meet up with the friend in charge of the French pavilion, an exceptional guide.
Through the window of the return Shinkansen, we were pleasantly surprised to see Mount Fuji despite the clouds, and delighted to contemplate the rice fields, cultivated down to the last centimetre, rectangles well tended and where the rice is starting to grow - it’s high time, as its high cost due to a poor harvest is becoming a political problem for the government - the Minister of Agriculture had to be changed in the following days, his successor is the son of a former prime minister, this method of appointment remains dominant.
A final comment :
The previous article on the trip to Japan (December 2023) ended as follows : “Let’s see if the next general election (no later than January 2025) brings to power a different Japan, one more open to foreign influences than its conservative majority.” Excessive optimism : the Ishiba government, born on October 1, 2024, is fragile, but it’s holding firm !
Yves Carmona