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Répercussions en Asie de la politique du Président Trump, suite/Repercussions in Asia of the policy of President Trump, continued

lundi 6 octobre 2025, par Yves

L’auteur de ces lignes avait déjà écrit sur le même sujet le 4 mai 2025, mais la politique Trump change tous les jours voire plusieurs fois par jour, c’est pourquoi ces éléments complémentaires sont à lire sans illusion : tout peut être bouleversé rapidement.

The author of these lines had already written on the same subject on 4 May 2025, but Trump’s policy changes every day, even several times a day, which is why these additional elements should be read without any illusions : everything can be turned upside down quickly.

Un webinar organisé conjointement par la Rajaratnam School of International Studies(RSIS) de Singapour et la Foreign Policy Community of Indonesia (FPCI) a eu lieu le 26 septembre 2025. Les intervenants en ont été des professeurs d’Université (Todo Yasuyuki de Waseda, Nguyen Anh Tuan du Vietnam), un ex-haut fonctionnaire (Iman Pambogyo, DG du commerce international d’Indonésie en 2012-2020) et Jayant Menon de l’ISEAS, autre think tank singapourien, ex-chef économiste à la Banque Asiatique de développement. Un auditeur s’y est ajouté en fin de Webinaire. L’auteur de ces lignes en a retenu les points suivants.

 les droits de douane imposés par le Président Trump ont rudement frappé les pays concernés (pays d’Asie du Sud-Est, Japon et Inde ont été évoqués) qui ont négocié en ordre dispersé. Au bout du compte, chacun allant négocier avec l’administration américaine leur impact est limité, mais Trump étant là pour 4 ans, il faut s’attendre à une nouvelle salve de sa part ;

 leur effet est déjà et sera récessif pour le monde entier, y compris pour les Etats-Unis, ce qui ne manquera pas de provoquer des réactions imprévisibles ;

 l’Asie du Sud-Est doit se montrer plus cohérente et diversifier ses débouchés :

* plus cohérente : il faut que le commerce intra-ASEAN augmente (15 à 20% actuellement au lieu de 78% entre les Etats-membres de l’Union européenne (UE), avec des variations selon les pays (30% pour Chypre et 81 % pour la République tchèque.). L’ASEAN doit donc adapter à cette situation ses chaines de valeur.

* D’autre part, elle exporte surtout des services, il faut donc que ses travailleurs soient plus mobiles et que leur formation soit améliorée ; M. Todo a mis en exergue les efforts dans ce sens du Japon (JETRO etc)

* diversification : il y a déjà le Partenariat économique régional global, ou en anglais Comprehensive and Progressive Agreement for Trans-Pacific Partnership (CPTPP) qui comprend un accord de libre-échange entre quinze pays autour de l’océan Pacifique : les 10 de l’ASEAN ainsi que l’Australie, la Chine, le Japon, la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande. C’est l’accord commercial le plus important du monde pour la population et le PIB couverts. Les Etats-Unis n’en font pas partie, conséquence du refus du Président Trump en 2017.

Il faut donc que l’ASEAN regarde dans cette direction ainsi que vers l’Union européenne avec laquelle a été conclu en 2021 un accord de libre-échange, articulé sur des accords bilatéraux avec chacun des pays membres de l’ASEAN. Cela vient d’étre conclu avec l’Indonésie et reste à négocier avec les autres ; il faut au-delà viser l’Amérique latine, le Canada et même l’Australie, bref, construire un nouvel ordre mondial qui ne dépende plus des Etats-Unis sans pour autant se rendre dépendants de la Chine, ce dont ne veulent ni les membres de l’ASEAN ni les autres partenaires.

 l’OMC a constamment été rappelée par les intervenants, on sait que les pays asiatiques y sont très attachés, ils souhaitent un monde gouverné par des règles encadrant le libre-échange et l’investissement.

Un étudiant indonésien a demandé naïvement pourquoi le Sud qui assure 85% du commerce mondial ne pourrait supplanter le Nord qui ne fait que 15%. Réponse embarrasée : c’est la volonté politique qui le permettra.

On ne saurait conclure car beaucoup dépend des décisions du Président américain qui sont imprévisibles dans leur versatilité, mais on voit s’esquisser un monde qui ne dépendrait plus uniquement des Etats-Unis, surtout en matière commerciale.

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A webinar jointly organised by Singapore’s Rajaratnam School of International Studies (RSIS) and the Foreign Policy Community of Indonesia (FPCI) took place on 26 September 2025. The speakers were university professors (Todo Yasuyuki from Waseda, Nguyen Anh Tuan from Vietnam), a former senior civil servant (Iman Pambogyo, Director General of International Trade for Indonesia from 2012 to 2020) and Jayant Menon from ISEAS, another Singaporean think tank, and former Chief Economist at the Asian Development Bank. An audience member joined at the end of the webinar. The author of this article noted the following points.

 The tariffs imposed by President Trump have hit the countries concerned (Southeast Asia, Japan and India were mentioned) hard, as they negotiated separately. Ultimately, as each country negotiated with the US administration individually, their impact is limited, but with Trump in office for four years, we can expect another salvo from him.

 Their effect is already recessionary and will continue to be so for the whole world, including the United States, which is bound to provoke unpredictable reactions.

 Southeast Asia must show greater consistency and diversify its markets :

* More consistent : intra-ASEAN trade must increase (currently 15 to 20% compared to 78% between European Union (EU) member states, with variations between countries (30% for Cyprus and 81% for the Czech Republic). ASEAN must therefore adapt its value chains to this situation.

* On the other hand, it mainly exports services, so its workers need to be more mobile and their training improved ; Mr Todo highlighted Japan’s efforts in this direction (JETRO, etc.).

* Diversification : there is already the Comprehensive and Progressive Agreement for Trans-Pacific Partnership (CPTPP), which includes a free trade agreement between fifteen countries around the Pacific Ocean : the ten ASEAN countries plus Australia, China, Japan, South Korea and New Zealand. It is the world’s largest trade agreement in terms of population and GDP covered. The United States is not part of it, as a result of President Trump’s refusal in 2017.

ASEAN must therefore look in this direction, as well as towards the European Union, with which a free trade agreement was concluded in 2021, based on bilateral agreements with each of the ASEAN member countries. This has just been concluded with Indonesia and remains to be negotiated with the others ; beyond that, we must look to Latin America, Canada and even Australia, in short, build a new world order that no longer depends on the United States without becoming dependent on China, which neither ASEAN members nor other partners want.

The WTO was constantly mentioned by speakers. We know that Asian countries are very attached to it and want a world governed by rules governing free trade and investment.

An Indonesian student naively asked why the South, which accounts for 85% of world trade, could not supplant the North, which accounts for only 15%. The embarrassed response was that it would take political will to make this happen.

It is impossible to draw any conclusions, as much depends on the decisions of the American President, which are unpredictable in their volatility, but we are seeing the emergence of a world that would no longer depend solely on the United States, especially in terms of trade.


Voir en ligne : https://www.gavroche-thailande.com/asie-diplomatie-quelles-sont-les-repercussions-de-la-politique-de-trump-dans-la-region/