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Article : Mme Takaichi, nouvelle Première ministre au Japon/Mz Takaichi, a new Prime minister in Japan

lundi 6 octobre 2025, par Yves

Le nouveau Premier ministre japonais sera une Première ministre thatchérienne, une nouvelle dame de fer

Japan’s new Prime Minister will be a female Prime Minister admiror of Mrs Thatcher, a new Iron Lady

Il faut saluer l’élection pour la première fois de son histoire d’une femme comme future Première ministre – seuls les Etats-Unis au sein du G7 n’ont jamais eu de femme à leur tête. Pour en arriver là, Mme Takaichi Sanae (64 ans) est passée par un parcours compliqué.

Il ne s’est agi jusqu’au 4 octobre 2025 que d’une élection interne au parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir avec le Kômei depuis des décennies. Certes, la coalition a perdu la majorité absolue quand le Premier ministre Ishiba Shigeru a été battu à l’élection sénatoriale le 20 juillet dernier mais il a trouvé l’appoint d’autres partis pour gouverner et la Présidente du PLD, qui vient d’être élue à sa suite, a la quasi-certitude d’être la prochaine Première ministre : cette élection interne au seul PLD détermine habituellement sauf très improbable surprise le prochain Premier ministre.

L’élection se déroule en deux temps. Les candidats déclarés (5 cette fois) s’affrontent mais il est rare qe l’un d’entre eux atteigne dès le 1er tour la majorité absolue des 295 membres de la Diète et 295 membres du Parti. Il faut donc procéder à un deuxième tour qui vient d’avoir lieu : Mme Takaichi Sanae (ancienne ministre) a battu M. Koizumi Shinjiro, 44 ans, Ministre de l’agriculture et fils d’un ancien Premier ministre par 185 voix contre 156. Mme Takaichi se présentera à l’Empereur le 15 Octobre avec le gouvernement au grand complet, suivra la photo de famille.

L’esprit de famille d’ailleurs est affiché : juste après l’élection, les candidats battus sont montés sur la scène de l’amphithéatre où avaient été proclamés les résultats et, tous ensemble, ils se sont congratulés sous les applaudissements de la salle.

Mme Takaichi, qui sera en principe sauf dissolution de la Diète Première ministre jusqu’à septembre 2027, apparaît comme représentant une aile dure du PLD. Elle aime se présenter comme inspirée par Mme Thatcher mais d’autres se demandent si elle ne finira pas comme Mme Truss, autre Première ministre conservatrice qui battit des records d’impopularité au Royaume-Uni qu’elle ne gouverna que 7 semaines en 2022.

Il est vrai que sa tâche va être difficile.

Le système des factions, sur lequel a reposé le PLD, a mauvaise presse, celles-ci ayant été très affaiblies à la suite de scandales financiers. En réalité, l’aile conservatrice du Parti à laquelle appartient Mme Takaichi continue d’être dominée par les mânes de feu le Premier ministre Abe Shinzo ainsi que par l’ex-Premier ministre Aso Tarô qui, à 85 ans, n’appartient plus au gouvernement mais reste influent. Comment préservera-t-elle l’équilibre au sein d’un PLD très divisé ? Le principal concurrent de Mme Takaichi, M. Koizumi, qui n’est pas issu de la prestigieuse Université de Tokyo, a de plus été accusé de falsifications dans la campagne électorale…

Mme Takaichi s’est fait l’adversaire de changements progressistes : elle s’oppose à ce que les femmes puissent accoler leur nom à celui de leur mari ainsi qu’au mariage homosexuel, ce qui peut éroder sa popularité ;

Cependant, elle veut faire, y compris en soutenant certaines entreprises, la promotion d’un Japon dynamique qui reste premier au monde en matière de hautes technologies. Elle bénéficie d’autre part de l’action de son prédécesseur qui avait obtenu du Président Trump un tarif douanier favorable – mais ce dernier a montré sa versatilité. Surtout, aura-t-elle les moyens d’une politique interventionniste ? Le Japon est au sein du G7 le pays le plus endetté (237% en 2024), ce qui réduit les marges de maneuvre du gouvernement.

Une des raisons de son élection est le climat politique travaillé par des thèmes populistes : les difficultés des nippons sont mises sur le compte d’un « mondialisme totalitaire » et les étrangers, qu’il s’agisse du développement du tourisme, de la hausse de l’immigration ou des achats massifs, notamment par des Chinois, de biens immobiliers, facilités par la faiblesse du yen.[1]

Pour conclure rapidement :

 pour la première fois de son Histoire, le Japon va avoir une femme comme Première ministre malgré des électeurs très majoritairement masculins, on ne peut y voir qu’un progrès d’autant que l’énergie ne lui manque pas.

 il serait regrettable qu’elle fasse des étrangers les seuls responsables des difficultés d’un pays qui reste parmi les plus industrialisés de la planète. L’auteur de ces lignes en avait détaillé les problèmes de tous ordres, géopolitiques comme intérieurs, dans son article du 21 juillet dernier : ils sont toujours présents.

 alors que certains commentateurs japonais prédisent que le PLD risque tout simplement de disparaître, Mme Takaichi devra prouver qu’un « changement de génération » (elle n’a que 64 ans, ce qui pour le Japon est relativement jeune) permettra de revitaliser un système politique apparemment à bout de souffle.

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The election of a woman as future Prime Minister for the first time in history is to be welcomed – only the United States within the G7 has never had a woman at its helm. To get to this point, Ms Takaichi Sanae (64) has had a complicated journey.

Until 4 October 2025, it was only an internal election within the Liberal Democratic Party (LDP), which has been in power with the Komei Party for decades. Admittedly, the coalition lost its absolute majority when Prime Minister Ishiba Shigeru was defeated in the Senate election on 20 July, but he found support from other parties to govern, and the LDP president, who has just been elected to succeed him, is almost certain to be the next prime minister : this internal election within the LDP alone usually determines the next Prime Minister, barring any highly unlikely surprises.

The election takes place in two stages. The declared candidates (five this time) compete against each other, but it is rare for any of them to achieve an absolute majority of the 295 Diet members and 295 party members in the first round. A second round is therefore necessary, which has just taken place : Ms Takaichi Sanae (former minister) defeated Mr Koizumi Shinjiro, 44, Minister of Agriculture and son of a former Prime Minister, by 185 votes to 156. Ms Takaichi will present herself to the Emperor on 15 October with the entire government, followed by a family photo.

The spirit of family unity was on display : immediately after the election, the defeated candidates took to the stage of the amphitheatre where the results had been announced and, together, they congratulated each other to the applause of the audience.

Ms Takaichi, who will in principle remain Prime Minister until September 2027 unless the Diet is dissolved, appears to represent the hardline wing of the LDP. She likes to present herself as inspired by Mrs Thatcher, but others wonder whether she will end up like Mrs Truss, another Conservative Prime Minister who set records for unpopularity in the United Kingdom, where she governed for only seven weeks in 2022.

It is true that her task will be difficult.

The faction system, on which the LDP was based, has a bad reputation, as factions have been greatly weakened in the wake of financial scandals. In reality, the conservative wing of the party to which Ms. Takaichi belongs continues to be dominated by the ghosts of the late Prime Minister Abe Shinzo and former Prime Minister Aso Tarô, who, at 85, is no longer in government but remains influential. How will she maintain balance within a deeply divided LDP ? Ms. Takaichi’s main rival, Mr. Koizumi, who did not graduate from the prestigious University of Tokyo, has also been accused of falsifying documents during the election campaign...

Ms. Takaichi has made herself the opponent of progressist changes : she opposes allowing women to take their husband’s surname and same-sex marriage, which could erode her popularity ;

However, she wants to promote a dynamic Japan that remains a world leader in high technology, including by supporting certain companies. She also benefits from the actions of her predecessor, who obtained favourable customs tariffs from President Trump – but the latter has shown himself to be fickle. Above all, will she have the means to pursue an interventionist policy ? Japan is the most indebted country in the G7 (237% in 2024), which reduces the government’s room for manoeuvre.

One of the reasons for her election is the political climate shaped by populist themes : the difficulties faced by the Japanese are blamed on ‘totalitarian globalism’ and foreigners, whether in terms of the development of tourism, increased immigration or massive purchases of real estate, particularly by Chinese nationals, facilitated by the weak yen.

To conclude briefly :

 For the first time in its history, Japan will have a female Prime Minister, despite a predominantly male electorate. This can only be seen as progress, especially as she is not lacking in energy.

 It would be regrettable if she were to blame foreigners alone for the difficulties of a country that remains one of the most industrialised on the planet. The author of these lines detailed the various problems, both geopolitical and domestic, in his article of 21 July : they are still present.

 While some Japanese commentators predict that the LDP may simply disappear, Ms Sanae will have to prove that a ‘generational change’ (she is only 64, which is relatively young for Japan) will revitalise a political system that appears to be running out of steam.

[1] Le Monde du 1er août 2025


Voir en ligne : https://www.gavroche-thailande.com/asie-japon-que-peut-on-attendre-de-la-nouvelle-premiere-ministre-japonaise