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La Corée du Sud, une puissance montante. South...
samedi 30 avril 2022, par
Après la deuxième guerre mondiale, la décolonisation et la guerre de Corée dont le cessez le feu date de 1953, la Corée du Sud est passée progressivement de la dictature souvent violente à une démocratie dont les exemples ne sont pas si nombreux, doublée d’une puissance industrielle et économique significative avec un Président intègre, ce qui ne l’empêche pas comme d’autres de connaître les problèmes d’un taux de fécondité très bas et de la pollution.
After WWII, decolonisation and Korean war whose cease fire goes back to 1953, South Korea progressively evoluted from an often violent dictatorship to a democracy - not so many after all - with a significant industrial and economic power and now an uncorruptible President, but it has like other countries a very low birth rate and pollution.
La Corée du Sud, une puissance montante.
Ce ne sont pas les crises et les guerres qui manquent en Asie.
Pourtant en Corée du Sud, une alternance récente aux résultats serrés se fait à ce jour sans drame, ce qui n’a pas été le cas chez son protecteur américain...
1/ La Corée a derrière elle une longue histoire dont le dernier siècle long a été tragique.
La guerre de Corée de 1950 à 1953 a fait 38 500 victimes dans les forces onusiennes dont 37 000 américaines , 70 000 dans les forces sud-coréennes, environ 2 millions chez les combattants nord-coréens et chinois et au moins 3,5 millions parmi les non-combattants.
Tout cela pour rien puisque la guerre s’est terminée pratiquement là où elle avait commencé, au 37ème parallèle.
C’est ce qui s’est passé au Vietnam jusqu’à ce que le Vietminh réunifie le pays en 1975, mais c’est une autre histoire.
Le conflit dans la péninsule coréenne a contribué à la « haute croissance » japonaise comme le boom d’après-guerre a participé aux « 30 Glorieuses » en Occident. Les Etats-Unis ont fait fabriquer des armes chez le voisin japonais, quitte à y réhabiliter à partir du traité de sécurité nippo-américain (1951) des criminels de guerre.
La guerre de Corée a également contribué au peuplement de l’archipel, ce qui était déjà le cas de longue date, comme à celui de l’Occident et cette « diaspora » n’a jamais cessé au point que la vague coréenne submerge parfois la culture japonaise.
Des tours sont organisés sur les lieux de la série « Sonate d’hiver » dont l’interprète masculin principal est le Coréen Bae Yong-jun, des associations de Coréens reflètent la division Nord Sud, chaque association ignorant l’autre dans son aide à l’une ou l’autre des deux parties.
Si on remonte plus loin dans l’Histoire, on s’aperçoit que le Japon a colonisé la péninsule coréenne de 1895 à 1945 au prix durable de « femmes de réconfort (iyanfu) », que la langue, les religions, les modes sont proches, jusqu’aux familles royales car une bonne part du peuplement japonais mais aussi chinois vient de là, ce que ni la Chine ni le Japon n’aiment reconnaître, si bien que la PRC interdit les fouilles dans l’ancien royaume de Paekche de crainte qu’elle mette au jour les preuves que le royaume coréen a possédé cette région. Il est vrai que la PRC est habituée à une lecture biaisée de l’histoire ; il plus surprenant qu’on ait dissuadé la grande presse nippone de reprendre les propos de l’Empereur Heisei, qui affirmait que les deux maisons étaient parentes ; il a fallu que ce soient des médias étrangers qui reprennent ce message intolérable !
2 Enfin devenue une grande puissance économique, la Corée du Sud s’en tire remarquablement bien.
Elle est entrée à l’OCDE en 1996, son PNB en PPA per capita était en décembre 2020 de 42 200 $ ce qui la mettait au 14ème rang mondial, entre l’Italie et l’Espagne et en-dessous de la France, 10ème. Elle est un fournisseur-clé de circuits imprimés et autres pièces électroniques. Son commerce essentiellement industriel dans les deux sens avec la Chine constitue près du double du commerce avec les Etats-Unis et plus de la moitié des importations en provenance de Chine sont assurées par des compagnies sud-coréennes.
Cette situation impose à Washington de revoir sa stratégie économique et commerciale, or le dernier Président a été l’inconstant Trump qui peut revenir ou laisser des trumpistes continuer à souffler le chaud et le froid.
3 Mais pour revenir aux principaux enjeux internes, le taux de fécondité a rapidement chuté et la pollution de grandes villes est devenue sensible..
Le taux de fécondité qui était de 6 en 1960 n’était plus que de 0,918 en 2019, le plus bas du monde et n’assurait plus le taux de remplacement des générations qui est de 2,1 : comment la Corée du Sud fera-telle face à la pénurie de main d’oeuvre : au moyen de robots comme au Japon ?
Quant à la pollution, multiforme (océans, produits en plastique, biodiversité etc.) donc impossible à dépeindre dans un article court, on retiendra un seul indicateur : les PPM10 , les plus courantes car elles dont dues à la circulation automobile et au chauffage. Or la Corée du Sud est l’objet des deux premières mais la moitié des nuages qui recouvrent le pays régulièrement sont dus à la poussière jaune venant de Chine et de Mongolie, dont la quantité en mars 2021 était 12 fois supérieure au niveau considéré comme acceptable par l’OMS. Le ministère de l’environnement a alors conduit à provoquer des mesures de précaution telles que la fermeture des écoles et des recommandations aux cardiaques.
4 Enfin, sur le plan politique, elle est passée de la dictature des Présidents Syngman Rhee (1948-1960) puis Park Chung-hee (1963-1979) à la démocratie actuelle.
Elle a en effet connu l’alternance dans la violence.
Le Président Rhee, héros de l’indépendance, a été ramené par le général Mac Arthur en personne et a réprimé ses opposants, tuant 200 000 « communistes ».
Le militaire puis Président à la suite d’un coup d’Etat Park Chung-hee a continué à s’appuyer sur un régime autoritaire avant d’être assassiné en 1979.
La violence politique a continué ensuite. Les généraux Chun doo-Hwan et Roh Tae-Wu, dictateurs arrivés au pouvoir, ont été graciés par leur successeur Kin Dae-Jung.
C’est sans doute la Présidente Park Geun Hye, Présidente en 2012 mais destituée en 2017 pour une affaire de corruption puis graciée en 2021 par le Président Moon Jae-in qui a marqué le tournant de la vie politique coréenne : dirigeant le premier parti d’opposition, elle a succédé à son père dictateur, ce qui n’est guère fréquent internationalement pour une femme. Le Président Moon a confirmé ce tournant en graciant également l’ancien dictateur.
Le Président élu Yoon Seok-youl, ancien avocat, était critiqué par son parti quand il a attaqué la Présidente conservatrice Park pour corruption mais l’opinion publique s’est renversée quand il a attaqué le ministre de la Justice démocrate, ce qui lui a valu d’être élu Président en mars dernier.
Commentaires : Qu’une opinion publique versatile conduise à l’élection comme Président de la République d’un avocat est un signe de bonne santé démocratique. C’est sans doute pour la même raison que la Corée du Sud souhaite rejoindre la Quad à laquelle participent 4 autres pays démocratiques, les Etats-Unis, le Japon, le Royaume-Uni et l’Australie. Pourvu que ce tournant se poursuive après sa prise de fonction en mai prochain.
La Corée du Sud a connu une histoire pleine de drames mais les dirigeants démocrates Kim Dae Jung et Moon Jae-in ont su faire preuve de mansuétude en graciant leurs précécesseurs. En laissant de côté ceux qui n’ont pu rester présidents que quelques jours, il faut espérer qu’à la stabilité mortifère des autocrates succédera la stabilité démocratique et que la nouvelle alternance que vient de connaître le pays se fera sans violence comme dans les autres démocraties.
Et que les difficultés, réduction accélérée du taux de fécondité, menace nord-coréenne, difficulté à trouver la stabilité entre deux grandes puissances (Chine et Japon pour ne rien dire de la Russie, non limitrophe mais pas sans influence), pollution, etc. pousseront ce pays à la cohésion .
Pays olympique en 1988, membre du G20 dont il a accueilli le sommet en 2010, 10ème économie mondiale selon le FMI au point qu’on parle de "miracle coréen" avec un PIB par habitant multiplié par 270 de 1961 à 2012, ce que n’avaient prévu ni le général Mac Arthur ni Mac Kinsey , la Corée du Sud paraît plus sereine.
Ça n’a pas toujours été le cas dans un environnement international difficile, mais aujourd’hui, la période « lame duck » semble se dérouler correctement et qui oserait l’attaquer ?
Alors un jour, peut-être, la réunification ?
***
South Korea, a rising power.
There is no shortage of crises and wars in Asia.
However, in South Korea, a recent changeover with a close result has so far taken place without any drama, which has not been the case with its American protector...
1/ Korea has a long history, the last long century of which has been tragic.
The Korean War from 1950 to 1953 claimed 38,500 casualties among UN forces, including 37,000 Americans, 70,000 among South Korean forces, about 2 million among North Korean and Chinese combatants and at least 3.5 million among non-combatants.
All this was for nothing, as the war ended almost where it began, at the 37th parallel.
This is what happened in Vietnam until the Vietminh reunified the country in 1975, but that is another story.
The conflict on the Korean peninsula contributed to Japan’s "high growth" in the same way that the post-war boom contributed to the "30 Glorieuses" in the West. The United States had weapons manufactured in Japan, even if it meant rehabilitating the Japanese-American security treaty (1951).
The Korean War also contributed to the development of the Japanese economy.
The Korean War also contributed to the settlement of the archipelago, which had already been the case for a long time, as well as to that of the West, and this "diaspora" has never ceased to the extent that the Korean wave sometimes overwhelms Japanese culture.
Tours are organised to the locations of the series "Winter Sonata" whose main male performer is the Korean Bae Yong-jun, associations of Koreans reflect the North-South divide, each association ignoring the other in its support of either side.
If we go further back in history, we realise that Japan colonised the Korean peninsula from 1895 to 1945 at the lasting cost of "comfort women (iyanfu)", that the language, religions and fashions are close, This is something that neither China nor Japan likes to acknowledge, so the PRC forbids excavations in the ancient kingdom of Paekche for fear that it will uncover evidence that the Korean kingdom once owned this region. It is true that the PRC is accustomed to a biased reading of history ; it is more surprising that the mainstream Japanese press was dissuaded from picking up Emperor Heisei’s claim that the two houses were related ; it was the foreign media that had to pick up this intolerable message !
2 South Korea has finally become a major economic power and is doing remarkably well.
It joined the OECD in 1996, and in December 2020 had a PPP per capita GNP of $42,200, ranking it 14th in the world, between Italy and Spain and below France, which ranks 10th. It is a key supplier of printed circuit boards and other electronic parts. Its mainly industrial two-way trade with China is almost double that with the US, and more than half of its imports from China are handled by South Korean companies.
This situation requires Washington to review its economic and trade strategy, and the last president was the fickle Trump, who may come back or let the Trumpists continue to blow hot and cold.
3 But to return to the main domestic issues, fertility rates have fallen rapidly and pollution in major cities has become sensitive.
The fertility rate, which was 6 in 1960, was only 0.918 in 2019, the lowest in the world, and no longer ensures the replacement rate of generations, which is 2.1 : how will South Korea cope with the labour shortage : by means of robots like in Japan ?
As for pollution, which is multi-faceted (oceans, plastic products, biodiversity, etc.) and therefore impossible to describe in a short article, there is only one indicator : PPM10 , which is the most common because it is caused by car traffic and heating. South Korea is subject to the first two, but half of the clouds that regularly cover the country are due to yellow dust from China and Mongolia, the quantity of which in March 2021 was 12 times higher than the level considered acceptable by the WHO. The Ministry of the Environment then led to precautionary measures such as school closures and recommendations for heart patients.
4 Finally, politically, it has gone from the dictatorship of Presidents Syngman Rhee (1948-1960) and Park Chung-hee (1963-1979) to the current democracy.
It has indeed experienced violent changeover.
President Rhee, a hero of independence, was brought back by General Mac Arthur himself and repressed his opponents, killing 200,000 "communists".
The military and then coup President Park Chung-hee continued to rely on authoritarian rule before he was assassinated in 1979.
Political violence continued thereafter. Generals Chun doo-Hwan and Roh Tae-Wu, the dictators who came to power, were pardoned by their successor Kim Dae-Jung.
The turning point in Korean politics was probably President Park Geun Hye, President in 2012 but impeached in 2017 for corruption and then pardoned in 2021 by President Moon Jae-in : as leader of the first opposition party, she succeeded her dictator father, which is not common internationally for a woman. President Moon confirmed this turning point by also pardoning the former dictator.
President-elect Yoon Seok-youl, a former lawyer, was criticised by his party when he attacked conservative President Park for corruption, but public opinion turned on him when he attacked the Democratic Justice Minister, which led to his election as President last March.
Comments : That fickle public opinion leads to the election of a lawyer as President is a sign of good democratic health. It is probably for the same reason that South Korea wishes to join the Quad in which 4 other democratic countries, the United States, Japan, the United Kingdom and Australia, participate. Let’s hope that this turnaround continues after he takes office next May.
South Korea has a history of tragedy, but Democratic leaders Kim Dae Jung and Moon Jae-in have shown mercy by pardoning their predecessors. Leaving aside those who were only able to remain presidents for a few days, it is to be hoped that the mortifying stability of the autocrats will be followed by democratic stability and that the new changeover that the country has just experienced will be without violence as in other democracies.
And that the difficulties, the accelerated reduction in the fertility rate, the North Korean threat, the difficulty of finding stability between two great powers (China and Japan, not to mention Russia, which is not a neighbour but not without influence), pollution, etc. will push this country towards cohesion.
An Olympic country in 1988, a member of the G20, whose summit it hosted in 2010, the 10th largest economy in the world according to the IMF, to the point that one speaks of a "Korean miracle" with a GDP per capita multiplied by 270 from 1961 to 2012, which neither General Mac Arthur nor Mac Kinsey had foreseen, South Korea seems more serene.
This has not always been the case in a difficult international environment, but today, the "lame duck" period seems to be going well and who would dare to attack it ?
So one day, perhaps, reunification ?