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L’Asie fin 2021/Asia at the end of 2021
dimanche 27 février 2022, par
A quoi l’Asie faisait-elle face fin 2021 ? Une série d’articles permet de s’en faire une idée.
What Asia did face at the end of 2021 ? "Asian Outlook" allows to figure out.
Plus que jamais avec la guerre en Ukraine, chacun voit midi à sa porte, son « intérêt national » alors que cette banalité doit être répétée, nous n’avons qu’une planète, notre intérêt est commun.
En réalité, la Covid est loin d’avoir disparu, on voit qu’en Occident notamment elle repart[1].
L’exemple Sud-Coréen entre autres montre que pour lutter contre elle, il n’y a que des bonnes politiques quel que soit le régime et que dans un même pays, les politiques peuvent être plus ou moins efficaces selon la période.
Des pays autoritaires comme le Vietnam réussissent bien mais même la Chine est obligée de confîner des dizaines de millions d’habitants. Alors que des démocraties comme les Etats-Unis[2] ou le Brésil [3]ont encore des résultats catastrophiques.
La corruption est partout comme déjà écrit[4].
Singapour a un très bon score mais on y disait [5] que le régime incorpore la corruption et il n’y a pas si longtemps que la cité-Etat supprimait le jeu pour le réintroduire sour la forme de casinos où des nationaux très fortunés ont le droit de venir jouer. De même, les ministres y sont sans doute les mieux payés du monde, ce qui permet aux persévérants de devenir riches. Si ce n’est pas de la corruption, ça y ressemble furieusement !
A l’inverse, la Corée du Nord a un très mauvais score, sans doute mérité, mais que sait-on de cette dynastie qui a quasiment coupé son pays du monde, où la colonisation puis la guerre ont précipité le régime dans une recherche sans limite de survie ?
Qu’en a-t-il été de 2021 ? Quand on regarde ce qui s’écrit en 2022 de l’année écoulée, on constate que les tendances à l’inégalité et à la discrimination déjà perceptibles auparavant sont accentuées par la Covid.
– La Chine est omniprésente, au point que même des pays qui en sont proches comme les Philippines et justement pour cette raison s’en écartent politiquement ; on pourrait en dire autant de tous les pays voisins ou comportant une minorité ethnique d’origine chinoise.
Certains pays qui ont su plutôt bien gérer la crise sanitaire comme le Laos, avec des moyens qui restent faibles, se relèvent alors qu’en Birmanie, le régime tire à vue sur les malades car il ne veut pas que l’épidémie se voie.
– L’industrialisation progresse comme l’avait prédit dans les années 30 l’économiste du Japon Akamatsu, utilisant comme image le vol d’oies sauvages. Il pensait à l’époque à son pays mais aujourd’hui d’autres comme la Corée du Sud le dépassent en produits sophistiqués avant que des entreprises nippones comme Sony ne deviennent leaders sur la voiture électrique – mais où sera-t-elle fabriquée ?
– L’inégalité hommes-femmes, déjà patente auparavant, s’aggrave par la précarité de l’emploi des femmes, que leur secteur d’activité soit de première ou de deuxième ligne.
La guerre en Ukraine affecte tout le monde et en particulier les dirigeants. Elle les met en Asie en position délicate, entre autres parce que la Russie et avant elle l’Union soviétique sont de longue date parmi les 5 premiers fournisseurs d’armes et l’an dernier le 2ème, en particulier en Inde.
Xi Jinping est sensible à la réalité économique.[6]-
Sa contradiction est bien connue. On l’a vu pour les JO tout proche de Poutine mais au même moment celui-ci entrait en Ukraine. Ils ne s’étaient pas vu depuis le début de la Covid et leur rencontre laissait présager d’une coopération géopolitique et énergétique. Les Etats-Unis constituaient un adversaire commun [7], notamment du fait de sa stratégie indo-pacifique, de sa prétention hégémonique, de l’accord AUKUS [8].
Mais le soutien à Moscou n’a a pas débouché sur des avancées concrètes.
La pression occidentale y joue un rôle et la coopération en matière de sécurité peut se passer d’une alliance militaire. La Russie ne souhaite pas être impliquée dans les conflits de la PRC en Asie et il en va de même pour celle-ci qui ne souhaite pas se mêler de l’affaire ukrainenne, fort embarrassante : d’un côté elle utilise la rhétorique de Moscou[9] mais en sens inverse, ne pouvant ignorer l’émotion soulevée en Occident, elle se réfugie dans l’accent mis sur la « résolution pacifique des conflits » car la coopération économique avec l’Occident tient chez elle une plus grande place.
Elle pourrait aussi importer davantage de gaz russe comme le montrent les accords récents dans l’énergie, intérêt commun mais surtout nécessaire à la Russie à la suite du conflit en Ukraine. Ils sont le fruit de longues négociations[10] et la Chine peut avoir intérêt à prendre la place laissée par les entreprises occidentales[11].
La Thaïlande est également concernée et regarde vers les prochaines élections, maintenant que la parenthèse de la pandémie commence à se refermer. Un nécessaire renouvellement contre le général Prayud arrivé au pouvoir grâce à un coup d’Etat, le 17 ème depuis 1932, aura lieu. Le fait que la famille Shinawatra commence à réapparaitre prouve que certaines pages récentes de l’histoire thaïlandaise pourraient bien revenir. Avec toujours cette question : quel équilibre entre le pouvoir militaire et le pouvoir civil ? Et quelle formule sera jugée le mieux compatible avec la défense de la monarchie ?
En Inde, bien que la guerre en Ukraine soit largement un conflit européen, l’attaque russe a aussi des répercussions. Elle s’est abstenue systématiquement aux Nations Unies et n’a pas condamné la Russie avec laquelle elle entretient pratiquement depuis l’Indépendance une relation étroite[12], notamment dans le secteur de l’armement, les derniers marchés portant sur des missiles S 400, des frégates et des fusils d’assaut et d’importants projets d’avenir étant engagés. L’Inde aussi a besoin de l’énergie russe y compris sur le nucléaire civil.
Elle est soutenue par la Russie dans sa demande d’élargissement du CSNU, reste un partenaire-clé des BRICS et a pu compter sur le soutien russe pour entrer dans l’Organisation de coopération (SCO) de Shanghai.
Mais elle a des relations de partenariat, notamment dans la Quad [13]avec les Etats-Unis qui pourraient compromettre ses engagements sur les S400.
Ses relations sont de longue date conflictuelles avec l’autre géant asiatique, la Chine, avec laquelle le conflit sur le Ladakh a fait au moins 20 morts indiens et 4 chinois en 2020.
Elle a aussi des intérêts économiques, militaires et humains avec l’Ukraine[14].
Bref, l’Inde se réclame de la « multipolarité » car elle souhaite un bon équilibre entre la Russie et l’Occident en particulier face à la Chine.
Mais le face à face entre un « Islam autocratique et un Islam démocratique » illustré par l’Indonésie du Président Jokowi joue également un rôle dans la société internationale. Le chef de l’Etat d’un pays qui compte environ 240 millions de musulmans risque d’être pris entre ces deux feux. Il a réussi à coopérer avec les Emirats pour un Islam démocratique, respectueux des droits humains et du pluralisme face à ses rigoristes qui n’ont pas désarmé.
Or l’Indonésie est confrontée à court terme à plusieurs défis. Elle préside en 2022 le G20 et sera face à un choix redoutable en novembre : Poutine est membre de droit, pas l’Ukraine dont Washington veut inviter le Président Zelenski.
Face à ce dilemme, certains souhaitent que le G20 revienne à sa vocation première de forum économique et financier dont le président Macron vient de remettre en lumière l’objectif de sécurité alimentaire.
Nul ne peut prédire comment tout cela va se terminer...
Commentaires :
1/ on ne voit pas comment la Chine pourrait soutenir l’invasion d’un Etat souverain comme l’Ukraine sans fragiliser sa position sur Taiwan.
2/ la mondialisation, donc la place de l’Asie dans nos vies, pouvons nous y renoncer alors qu’on peut, pour ne prendre que cet exemple, manger partout chinois, lao, thaï, indien ou vietnamien ?
L’accent mis sur le local a de bons côtés - il vaut mieux fabriquer sur place les masques qui ont terriblement manqué au pire de la Covid - mais on ne peut jeter la mondialisation par-dessus les moulins : la sécurité alimentaire est depuis des décennies un enjeu international et la guerre l’accentue.
Nous avons fait le choix d’un monde ouvert. Rien n’assure que cela puisse durer, pourtant c’est ce que souhaite ce magazine lu de par le monde. Et c’est en cela qu’il se différencie de Poutine qui voudrait que le monde s’arrête aux portes du Kremlin. Il faut souhaiter que d’une manière ou d’un autre, il cesse de nuire.
NOTES
[1] L’auteur de ces lignes ne s’exprime pas sur des sujets de politique intérieure.
[2] Selon les Etats
[3] Les prochaines élections dans ce pays sont susceptibles d’inverser la tendance.
[4] 31/7/2021
[5] Une collaboratrice de l’auteur de ces lignes
[6] Résumé d’une note d’Anna Kirneva, professeure associée au centre d’études chinoises de Moscou.
[7] Une déclaration commune annonçait une coopération sans limites. Elle réaffirmait l’appartenance de Taïwan à la PRC et pour la première fois se faisait l’écho de l’opposition russe à l’élargissement de l’OTAN.
[8] Alliance militaire tournée contre la PRC entre Etats-Unis, Australie et Royaume-Uni.
[9] L’invasion guerrière de l’Ukraine est une opération spéciale, les accords de Minsk ont été sabotés par les Etats-Unis…
[10] Un accord Rosneft-CNPC permettant à la Russie d’exporter 10 Mds t. via le Kazakhsatn en 10 ans et un accord Gazprom-CNPC donnant à la Russie la même faculté pour 10Mds m3 de gaz.
[11] Le discours du Président Zelenski stigmatisant certaines entreprises le 23 mars a été peu suivi d’effet.
[12] Renforcée par plusieurs déclarations, la dernière en 2021.
[13] Cf note 8
[14] 17 000 personnes sauvées de la guerre en Ukraine.
***
More than ever with the Ukraine war, everyone has to think for themselves, their « national interest » wheras that commonplace should be told once again : we share the same planet, we have to live together.
As a matter of fact, Covid is still there, it can be seen rising again in the West.
South Korea among others shows that to fight it, there are good policies whatever the regime and that in the same country, policies can be more or less efficient depending on the period.
Authoritarian politics like in Vietnam do well, whereas even China must confine dozens of millions, while democracies like the United States or Brazil still display appalling results.
Corruption is everywhere as already written.
Singapore has a very good record but it was said the regime embeds it and not so long ago, the city-State would prohibit gambling to reintroduce it in casinos where only wealthy domestic customers would be allowed to come and play. Samely, cabinet members earn probably the best compensation in the world, which allowes the most persistent to get rich. If that is not corruption, it looks very much like it !
Conversely, North Korea scores very badly, which is probably deserved, but who knows the truth about that dynasty which almost severed links with the world, where colonisation then the war have rushed the regime in a limitless quest for survival ?
How was 2021 ? When looking what was written in 2022 about the former year, it can be seen trends toward inequality and discrimination which were already noticeable are stressed by Covid.
China is everywhere to the extent that countries which are close like Philippines and for that very reason become politically distant ; the same could be told about neighboring countries or with a Chinese descent minority.
Some countries which managed rather well the sanitary crisis like Laos, with still weak means sand up while in Myanmar, the regime shoots ailing people for the plague not to be seen.
Industry progesses the way Japan’s economist Akamatsu had forecast, utilizing the image of wild geese flight. He was then thinking of his country but now South Korea is doing better in hitech goods before Japanese icons like Sony become leaders in the electric car - but where will it be manufactured ?
Men-women inequality, already obvious is getting worse with female employment precarity, whether their business sector is on front or second line.
War in Ukraine affects everybody and not least the leaders. In Asia, it creates for them an akward time, among others because Russia and before it the USSR have been for a long time among the 5 biggest suppliers of weapons and last year peculiarly number 2 in India.
Xi Jinping is also stricken by the economic reality.
His contradiction is well known. He was seen in the Olympic Games very close to Putin but at the same time that one was attacking Ukraine. They hadn’t met since Covid emerged and their meeting heralded a good cooperation on geopolitics and energy. They had the United States as a common target, conspicuously because of its Indo-Pacific strategy, its hegemonic claim and the AUKUS agreement.
But the support to Moscow wasn’t followed with tangible achievements.
Western pressure plays its part and safety policy can work without a military alliance. Russia doesn’t wish to be involved in PRC ´s conflicts in Asia and the former better not be enmeshed in the embarrassing Ukranian affairs : on one way it uses the same rhetoric as Moscow but on the other way, incapable of ignoring the emotion raised in the West, it escapes in emphasizing « pacific resolution of conflicts » because the economic cooperation with the West takes up more space.
It could also import more Russian gas as recent agreements about energy, a common interest but more in the way of Russia since it started war in Ukraine. There have been long negotiations and China might have an interest in replacing Western companies.
As we wrote, the war has consequences for Thailand as well since the next elections are looming now that the parenthesis of the pandemics is closing. A renewal of the power of general Prayud who used a coup, the 17th since 1932, will happen. Reappearance of Shinawatra family shows some pages of the recent history of Thailand might as well come again. With as always the same question : what balance between civilian and military power ? and what equilibrium will be the best compatible with the defence of monarchy ?
In India, although the war in Ukraine is mainly a European conflict, the Russian attack bears consequences. She consistently abstained in the United Nations and didn’t condemn Russia with whom she has almost since the independance a very narrow relationship, in particular in weapons sector, the last markets being on missiles S 400, frigates and assault rifles and future projects have been committed. India also needs Russian energy including in civilian nuclear power.
It is supported by Russia in its stance for widening the CSNU, is still a key partner among BRICS and was able to count on the Russian support to enter the anghaï Cooperation Organization (SCO).
But it also has partnership relations, including in the Quad, with the United States which could jeopardize its contracts on S 400.
Its relations have been for a long time conflictual with the other Asian giant, China, with whom the Ladakh conflict made at least 20 Indian and 4 Chinese fatalities in 2020.
It also has economical, military and human interests with Ukraine.
In short, India is claiming “multipolarity” because it wishes a good balance between Russia and the West especially in front of China.
But the face to face between an “autocratic Islam and a democratic Islam” exemplified by President’s Jokowi’s Indonesia plays also a part in the international society. The chief of State of a 240 million Muslims country is in danger to be caught between these two fires. He succeeded in cooperating with the Emirates for a democratic Islam, respectful of the human rights and pluralism in front of rigorists who are still fighting.
However, Indonesia is confronted on a short term with other challenges. It chairs in 2022 the G20 and will have to make a very difficult choice in November : Putin is a member, not Ukraine but Washington wants to invite President Zelenski.
Facing this dilemma, some wish the G20 to come back to its first aim as an economic and financial forum in which President Macron just shed some light on the target of food security.
Nobody knows how all that will conclude...
Comments :
1/ It can’t be seen how China could support the invasion of a sovereign State as Ukraine without weakening its position about Taiwan.
2/ Globalization, therefore the place Asia occupies in our lives, how could we give it up whereas we can, to take only that example, eat everywhere Chinese, Lao, Thaï, Indian or Vietnamese food ?
To highlight local goods has its bright side – it is better to produce locally masks which we terribly missed at the worst of Covid – but we can’t throw away globalization : food security has been for decades an international issue and the war is intensifying it.
We chose an open world. Nothing assures us that it may last but it is the wish of this magazine read all over the world. And it is the difference with Putin who would like the world to stop at the doors of Kremlin. It should be wished that one way or another, he will stop harming.
NOTES
[1] The author doesn’t express on domestic politics.
[2] Depending on the states.
[3] Next elections might bring reverse policies.
[4] 31/7/2021
[5] A colleague of this writer.
[6] Excerpts from a note by Anna Kimeva, an associate professor of the center for Chinese studies in Moscow.
[7] A common declaration announced a limitless cooperatipn. It reaffirmed Taiwan belonging to PRC and for the first time, echoed the Russian refusal of the enlargement of NATO.
[8] A military alliance against the PRC between the United States, Australia and the United Kingdom.
(9) The martial invasion of Ukraine is a special operation, the Minsk agreements have been undermined by the United States.
[10] A Rosneft-CNPC agreement allowing Russia to export 10Mds t through Kazakhstan in 10 years and a Gazprom-CNPC agreement giving the same to Russia for 10 m3 of gas.
[11] The speech of President Zelenski was not followed with major achievement.
[12] Reinforced by many statements, the last one in 2021.
[13] Cf note 8.
[14] 17 000 people rescued from the war in Ukraine.