Accueil > Blog > Le temps des combats

Le temps des combats

samedi 9 septembre 2023, par Yves

Recension d’un livre/Review of a book : "Le temps des combats"

C’est presque une première. J’avais déjà écrit la recension d’un bon – ils sont rares – livre de souvenirs d’ambassadeur car ils se situaient principalement en Asie : « La diplomatie n’est pas un dîner de gala » de Claude Martin, le 18/9/2020. Le cahier des charges cette fois est de faire, uniquement sous l’angle géopolitique, celle du dernier livre de Nicolas Sarkozy « Le temps des combats » (627 pages y compris photos et index).

La rentrée littéraire de 2023, 466 romans, est en baisse depuis 2022. Alors, pourquoi lire un livre plutôt que l’autre ? Toutes les raisons sont possibles, de la qualité de l’écriture à celle de la narration.

Mais il est une autre catégorie de livres qui se vend beaucoup, les mémoires d’homme ou femme politique. Exemple, les mémoires d’Obama qui ne couvrent pas encore son deuxième mandat (2012-2016) avaient déjà 5 millions de lecteurs avant même de sortir. Sans doute un peu moins pour le dernier Sarkozy « Le temps des combats », sorti en avance le 19 août pour satisfaire « les lecteurs qui trépignaient d’impatience » d’après le Figaro. Gavroche, magazine indépendant, a souhaité que ce chroniqueur y consacre quelques lignes.

On s’aperçoit en préambule que M. Sarkozy a déjà fait 12 livres avant celui-ci et c’est une première limite : il ne traite pas des premières années de son quinquennat, ce livre se limitant à 2009, 2010 et 2011, ce qui nous prive de sa relation d’un choc historique, la crise des « subprimes » qui avait déjà commencé aux Etats-Unis et a touché par ricochet l’économie mondiale le 15/9/2018 avec la faillite de « Lehmann brothers » et ses suites.

La deuxième limite de cet article est qu’il est bien difficile de faire le départ entre la géopolitique et la politique intérieure. La géopolitique est présente dès les premières lignes, exprimant des vues générales par ailleurs bien connues : « J’ai la conviction que nous sommes face à une crise de civilisation, à un changement complet de paradigmes et que nous assistons à un déplacement de l’axe de notre planète. Jusqu’au dernier tiers du xx siècle, celui-ci était durablement installé à l’ouest. Il est désormais plein est. Nous, les Européens, étions le centre du monde. Nous ne le sommes plus. L’Asie est devenue l’axe stratégique majeur. »

« Music to my ears » dirait-on en anglais, on va donc avoir son analyse du grand changement qui affecte le monde et qu’il attribue – il n’est pas le premier, son prédécesseur qui lui n’a jamais été élu à la Présidence de la République, René Dumont, disait la même chose en 1973 - à la démographie. Mais non, il passe très vite à la politique intérieure, distribuant rares bons points et surtout critiques impitoyables à ses innombrables têtes de Turcs, et à mélanger allégrement grandes questions et exposé de ses sentiments personnels ou remarques familiales.

Où va le monde, selon M. Sarkozy ?

« L’instrument de ce nivellement généralisé porte un nom, celui de la revendication égalitaire à tout prix et sous toutes ses formes ». Chez M. Sarkozy, pas d’égalitarisme. L’index biographique (13 pages) permet de savoir ce qu’il pense des uns et des autres. Beaucoup, y compris dans son camp, en prennent pour leur grade, notamment celles ou ceux qu’il a nommé ministres, notre analyse n’ira pas plus loin.

C’est plus surprenant et intéressant quand il dit le plus grand bien de personnalités politiques avec lesquelles l’entente n’allait pas de soi comme le Président Lula au Brésil (p 202)– il est vrai que la vente de Mirage a bien occupé leurs conversations.

« Ce fut même l’un des chefs d’État pour qui j’ai éprouvé le plus de sympathie. C’était spontané et assez profond. » Malheureusement, on n’en saura guère plus sur la géopolitique, ce qui compte, c’est la « spontanéité ».

Non que soient absentes ses remarques, souvent pertinentes, sur les grandes questions auquelles est confrontée l’humanité – le G8, G20, la mondialisation, le capitalisme, le réchauffement climatique, l’identité, etc – , mais elles cèdent vite la place aux interventions télévisées, aux salaires des grands patrons, aux attaques personnelles… Comme il l’écrit p 40 : « En France, tout a été, est ou sera politique. »

Pour autant, cette recension tente d’être objective. M. Sarkozy présente sa vision du monde, souvent juste, malgré sa partialité.

Pour simplifier, ce sont les formats pluri ou multilatéraux qui permettent les analyses les plus pertinentes. Elles ont d’autant moins manqué que la France, donc M. Sarkozy, présidait en 2011 à la fois le G8 et le G 20. Il y revient à plusieurs reprises puisque ces instances ont le mérite de se réunir régulièrement, seul le G7 ayant connu plusieurs formats successifs : la Russie invitée en 1999 puis « provisoirement » exclue en 2014 après l’occupation illégale de la Crimée.

Dès la première page, il s’interroge sur le G20, la mondialisation, le capitalisme : « Je profitai de ce début d’année (NB : 2009) pour essayer de tirer des leçons du cataclysme économique et financier qui s’était abattu sur le monde. (…) je voulais défendre l’idée que le capitalisme exclusivement financier était une trahison du capitalisme économique dans lequel je croyais. Le second était l’affaire des entrepreneurs. Le premier, des spéculateurs. (…) Je veux aussi souligner une conséquence paradoxale de la mondialisation qui, dans le même temps où elle permettait l’émergence assez spectaculaire d’une classe moyenne dans nombre de pays en voie de développement comme la Chine –sans doute pas moins de 400 millions de Chinois peuvent désormais être répertoriés dans cette catégorie ‒, organisait le déclassement parallèle et aussi soudain des classes moyennes appartenant aux pays dits développés. (…) Obtenir la création du G20 avait été une fameuse bataille. »

NB : il est vrai que le G 20, qui existe de longue date au niveau des ministres des finances et gouverneurs de banques centrales, a été pour la première fois porté au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement pour faire face à la crise de 2008, mais c’est naturellement une œuvre collective dans laquelle le fer de lance a été le PM britannique Gordon Brown et non le seul Nicolas Sarkozy qui s’en attribue le mérite.

G8 et Egypte : il s’oppose au Président Obama car il demande un « procès équitable » pour le Président déchu Hosni Moubarak. « Quelle ne fut pas ma surprise d’assister à la réaction négative de Barack Obama. Il déclara sans gêne : « Si nous publions ce communiqué, nous allons nous mettre à dos la jeunesse égyptienne. Je suis donc contre ». Le Président français cède.

G8 et nucléaire : contre Mme Merkel, il rappelle que « Le Japon n’a pas été victime d’un accident nucléaire à Fukushima, le 11 mars 2011, mais d’un tremblement de terre de niveau 9. Une intensité jamais atteinte dans le pays, qui avait provoqué un gigantesque tsunami. Ceux qui comme moi essayaient de tenir un discours simplement raisonnable avaient fort à faire ».

NB : c’est omettre que sans centrale nucléaire, le tsunami n’aurait pas eu des conséquences aussi tragiques.

Présidence du G20, en pleine crise de la dette en Grèce et en Italie : « La grande affaire de ce mois de novembre était la réunion du G20 qui se tenait à Cannes. Il s’agissait du sixième sommet depuis que j’avais eu l’idée de cette nouvelle institution.(…) Le président Obama s’inquiétait lui-même : « Il faut résoudre la crise financière en Europe. » Le président chinois en avait rajouté une bonne couche en affirmant : « C’est à l’Europe de régler le problème de la dette européenne. » Il n’avait pas tort…(…) La Grèce voulait-elle ou non demeurer dans la zone euro ? C’était la seule question à trancher. Nous étions déterminés à ne pas verser un centime à Athènes dans l’attente de la réponse. Les vivres du pays étaient désormais coupés. Ce fut en chancelant que Papandréou quitta la salle.(…) Nous avions dû sacrifier Papandréou et Berlusconi pour tenter de contenir le tsunami d’une crise financière dont l’épicentre était cette fois-ci clairement au cœur de l’Europe.

Il y avait eu un autre sujet de discorde qui avait occupé le G20, moins brûlant que la crise financière, mais plus profond : il fallait affirmer la primauté en toutes circonstances et en tous lieux du principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures. Tel était le credo de la Chine, de la Russie, du Brésil, de l’Inde et de l’Afrique du Sud. Cela faisait beaucoup de monde. Je touchais aux limites de l’unité du G20. (…) J’aurais voulu créer un secrétariat général du G20 pour mieux assurer le suivi de ses décisions, que nous abandonnions la règle de l’unanimité pour celle de la majorité afin de conserver l’efficacité de l’instance, et même que nous allongions la durée de la présidence tournante pour donner de la stabilité et permettre une incarnation. J’étais certain que ce nouveau format de discussion du G20 était le bon, mais que son fonctionnement devait être affiné. Encore aujourd’hui, ce chantier reste ouvert. Personne ne s’en est saisi. C’est bien dommage. »

Le G 20 a permis que des règles prudentielles soient mises en place et le Président Sarkozy s’est attaché à ce qu’elles soient respectées dans le cadre d’une gouvernance mondiale rénovée : « Je souhaitais ainsi ouvrir le grand chantier de la rénovation de l’ensemble du système multilatéral. Je dois, hélas, constater que près de quinze années après, il n’a toujours pas commencé, et ce alors même que plus aucune des instances internationales en charge du multilatéralisme n’est aujourd’hui en état de fonctionner juste convenablement.(…) la plupart des pays désignés comme paradis fiscaux ne cessèrent de vouloir sortir de ce statut bien peu enviable, et particulièrement stigmatisant. La pression mondiale était telle que personne ne pouvait y résister. Le temps du secret bancaire était révolu » ce qu’il s’attache à faire admettre aux grands banquiers français (p 199).

Cependant, août 2011 « commença par un mouvement de panique des places boursières.(…) À ce moment précis, je me trouvais être tout à la fois président du G8 et du G20. » Face aux réticences allemandes, « le sommet fut long, âpre et, pour finir, fructueux, puisque nous pûmes tenir une conférence de presse commune durant laquelle nous présentâmes les propositions que nous ferions ensemble aux autres membres de la zone euro.(…) Notre texte fut adopté sans difficulté supplémentaire. Chacun était soulagé par notre accord commun. Il n’y eut pas même un agacement. L’axe franco-allemand avait fonctionné au mieux. »

Vision de l’Europe aussi et de ses relations avec l’Allemagne, l’alliance atlantique et la Russie.

NB On a beaucoup critiqué en France ce qu’il écrit à propos de cette dernière. Qu’on en juge : « Nous affirmions avec la chancelière (Merkel) que « le recours à la force militaire, ainsi que la reconnaissance unilatérale de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie étaient contraires au droit international et créaient un problème de confiance avec la Russie. Tout ceci était vrai et n’a pas changé quatorze années plus tard. Il n’en reste pas moins que la Russie est une grande puissance militaire, à la culture européenne et qui se trouve être la voisine géographique de l’Europe. Elle a les matières premières et l’espace qui nous manquent. Nous avons les technologies, la surface financière et les marchés qu’elle n’a pas. Pouvons-nous l’un et l’autre nous permettre de nous faire la guerre ? Je ne le pense pas, car nous serions alors, et avec certitude, les deux perdants au profit des deux habituels gagnants des grandes affaires du monde : les États-Unis et la Chine. Déjà à cette période, je ne croyais pas que nous fussions revenus à l’époque de la guerre froide, et ce en dépit de la détestable intervention russe en Géorgie. L’URSS n’existait plus (…) Il y a à peine plus d’un siècle, on parlait français à la cour du tsar. Peu de pays comme les nôtres étaient à ce point attachés à leur culture, à leurs racines, à leurs traditions. C’était la part européenne de notre grand voisin russe. Mais l’on oublie trop souvent l’importance de l’influence asiatique de la Nation la plus vaste du monde, qui a conservé plus de quatre mille kilomètres de frontières communes avec la Chine. Le lac Baïkal ne se trouve qu’à deux heures d’avion de Pékin et, à l’inverse, à six heures de vol de Moscou. Là peut-être se trouvait l’origine de la violence latente de l’âme russe, de la brutalité de ses pratiques politiques et de la quasi-absence durant toute son histoire de parenthèse démocratique. »

« C’est cette même conviction de la nécessité du partenariat avec les États-Unis qui m’avait décidé à faire revenir la France dans le commandement militaire intégré de l’OTAN. Quitte à en être membre, autant l’être complètement.(…) Avec les États-Unis, il faut être fort et indépendant.(…) Il n’est naturellement pas question d’accepter la politique du fait accompli mise en œuvre par Vladimir Poutine au moyen d’une utilisation « décomplexée » et brutale de ses forces militaires. Cette stratégie est contraire à toutes les lois internationales. Notre condamnation doit être forte et dénuée d’ambiguïté. (Mais) nous devons trouver les voies et les moyens de rétablir des relations de voisinage au moins apaisées, à défaut d’être cordiales.(…) L’Ukraine de son côté devrait s’engager à rester neutre,(…) . Être neutre n’est pas un statut infamant. La Suisse l’est toujours. (…) La problématique de nos relations avec la Russie a occupé nos chefs d’État pendant plusieurs siècles. Elle a été au cœur des principales préoccupations diplomatiques de tous les présidents de la V République. Voici une nouvelle illustration du fait que les présidents passent et que les problèmes demeurent. »

Sur l’OTAN, ou plutôt son commandement militaire intégré : « En fait, la France avait fini par s’exclure elle-même. C’était devenu plus qu’une habitude, une simple posture. Le moment était donc arrivé de mettre fin à cette situation. Les absents ont toujours tort. Je préférais une France qui codirige plutôt qu’une France qui subisse. »

NB : Ce que n’écrit pas M.Sarkozy, c’est qu’il a fallu envoyer 750 officiers français à Bruxelles pour « co-diriger ».

L’Allemagne, c’est-à-dire Mme Merkel, est omniprésente, c’est elle qu’il faut convaincre, par exemple de venir en aide à la Grèce en pleine crise financière : « Ce fut une période de tensions entre Angela et moi, mais sans doute fallait-il en passer par là pour tester la solidité de notre alliance. Nous nous mîmes finalement d’accord sur une aide sans précédent de l’Union européenne et du FMI, d’un montant de cent dix milliards d’euros, pour la Grèce surendettée. En échange, les pays européens exigeaient de cette dernière de douloureux sacrifices. »

Car elle est frappée d’immobilisme dont lui seul peut la tirer : « Tout bougeait dans le monde et sur notre continent, mais rien ne devait changer. C’était intenable.(…) Peut-être aurais-je dû aller à la crise institutionnelle pour provoquer une réaction salutaire ? »

Nicolas Sarkozy évoque aussi les relations bilatérales.

Pays par pays, dominent les plus proches : Egypte, territoires palestiniens, Israël, Syrie, Liban, Algérie, Maroc, Turquie, pays touchés par les « printemps arabes », Libye, Abou Dabi, mais aussi Afrique sahélienne, Europe et Amérique, dans certains cas Amérique latine mais le plus souvent Etats-Unis. Et peu d’Asie : Afghanistan.

Il ne s’éloigne de la France que pour mieux jauger son influence : « J’avais besoin de voir la France de plus loin pour la connaître de plus près. (…). J’imaginais des stratégies pour développer ce qui était mon obsession : l’influence de la France. »

Ses considérations sur les diverses questions qui se posent dans ces pays sont rarement originales : « Une fois encore, la situation s’était fortement détériorée entre Israël et le Hamas. Comme à l’accoutumée, les responsabilités étaient partagées (…). Ma conviction d’aujourd’hui, c’est qu’en vérité rien ne sera possible sans volonté des Israéliens et de l’Autorité palestinienne ».

Autres pays du Proche-Orient : « Le drame de l’Orient est que son identité est multiple, alors que son présent n’est encombré que de pulsions visant à exclure le voisin « différent » du champ national. ». C’est aussi l’occasion de réfléchir sur toutes les zones où des Français, au service des Nations Unis, de l’UE ou pour leur besoin propre sont engagés, ainsi la FINUL au Proche-Orient : « Cela fait pas moins de quarante-cinq années que le contingent français se trouve à remplir cette fonction. C’est long ! Trop long ! Beaucoup trop long ! D’une part, parce que cela conduit petit à petit l’armée française à être regardée comme une force d’occupation. « Ainsi, autant j’ai approuvé l’envoi de la force Barkhane au Sahel pour affronter les djihadistes, autant j’ai contesté sa pérennisation (…) Dans le meilleur des cas, nous demeurerons impuissants, dans le pire, nous serons pris pour cible. C’est si facile pour des pouvoirs sans la moindre légitimité qui ont besoin de désigner un ennemi afin de tenter de faire oublier leurs propres incuries ». Ce livre a été écrit avant que les putschistes prennent la France pour cible au Niger…

L’armée française, comme il est normal pour un Président français, est au centre des ses préoccupations et cela est vrai aussi en matière d’aéronavale. « Nous (avec David Cameron) avions même été plus loin en prévoyant d’installer des avions français sur un porte-avions britannique, et bien sûr d’assurer la réciproque sur nos propres navires. Cela n’avait pas été si simple, car les chasseurs anglais décollaient et atterrissaient verticalement, quand les avions français utilisaient des catapultes et des câbles de freinage ! » Mais le Brexit a creusé un fossé : « Nous n’avons pas fini de payer le prix de cet immense gâchis. »

Turquie, sujet d’un différend persistant avec les Etats-Unis : « Le premier (désaccord avec Obama) survint dès le début du premier tête-à-tête organisé à Strasbourg. Barack Obama voulait à toute force faire plaisir au Premier ministre turc Erdoğan. Or, celui-ci avait affiché comme priorité sa volonté de faire adhérer son pays à l’Union européenne. Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’expliquer dans Le Temps des Tempêtes, je ne voulais pas en entendre parler. »

Abou Dabi : « J’allais donc inaugurer la première base militaire française dans le golfe Persique. La première créée par la France depuis 1945. (…) L’inauguration de cette base militaire représentait à mes yeux un réel tournant diplomatique, stratégique et politique. Enfin, il y avait une cohérence à agir ainsi, au moment où la France faisait son retour dans le commandement intégré de l’Otan. À Abou Dabi, nos militaires pourraient avoir des contacts constants avec leurs homologues américains et britanniques présents dans la région. Nous étions donc maintenant au cœur de la collecte de renseignements très utiles pour notre sécurité intérieure comme extérieure ».

Se retrouver face à l’Iran « moyenâgeux » n’est pas pour lui déplaire mais on ne trouve pas d’analyse du rôle géopolitique de ce pays.

L’autre conséquence était l’organisation d’un certain désengagement militaire en Afrique. « Le maintien de nos forces au Mali était une double erreur. D’abord sur le plan militaire. Comment prétendre contrôler un territoire grand comme trois fois la France avec quatre mille hommes ? C’était voué à l’échec. ». Le sujet est fréquemment rapproché de l’immigration « La pression migratoire va donc être décuplée. Que pèseront les cinq cents millions d’Européens face aux deux milliards et demi d’Africains dont la moitié auront moins de 20 ans ? »

En Côte d’Ivoire, situation délicate puisque le Président élu, Ouattara, était violemment contesté. « J’avais, à maintes reprises, affirmé qu’il fallait en finir avec la Françafrique. Je devais donc éviter que la France ne se trouve en première ligne, d’autant plus que nous disposions d’un millier de soldats cantonnés de longue date dans une base militaire à Abidjan. Mais tout cela relevait de la théorie, car la pratique allait m’obliger à agir bien différemment. » c’est-à-dire à intervenir en faveur du vainqueur de l’élection.

Tunisie et printemps arabes. « Je réagis avec retard à ce qu’il est désormais convenu d’appeler les printemps arabes. (…) Je terminai cette séquence en « débarquant » notre ambassadeur à Tunis. C’était sans doute un bouc émissaire. (NB : nommé par le Président Chirac…).

Egypte : « J’avais réagi avec retard sur la Tunisie. Je ne voulais pas reproduire la même erreur avec l’Égypte. (…)

Libye : Nous n’en avions pas fini avec les printemps arabes, puisque la Libye avait rejoint la désormais longue liste des pays en situation de révolte et de chaos. (NB : les avions de chasse français et britanniques interviennent) « L’intervention de la coalition permit d’éviter que Kadhafi ne massacre son peuple et sauva des milliers de civils innocents. (…) Nous n’avions vocation à rester que tant que la population était sous la menace des tanks et des avions. Ce ne fut qu’à la veille de mon départ que la presse éventa la nouvelle que j’allais me rendre à Tripoli, puis à Benghazi. J’avais promis au Premier ministre britannique, David Cameron, de ne pas me rendre sur place sans lui. Il y tenait beaucoup, ce qui n’était que justice, car nous avions été à la manœuvre ensemble de bout en bout. C’était un moment réellement historique. »

Un peu plus loin, « l’information la plus importante de cette fin d’octobre fut celle de la mort de Kadhafi. Ce furent des avions français qui entreprirent la mission. Les tirs aériens immobilisèrent le convoi sans le détruire. Un drone américain présent sur place avait également tiré un missile contre cette colonne. Ce fut à ce moment que les rebelles anti-Kadhafi le prirent à leur tour en chasse au sol. Il semblait que le dictateur se réfugiât alors avec ses gardes du corps dans un tunnel d’égouts. Il y fut retrouvé, cerné et, enfin, capturé. »

Mais après 2012, « la France disparut du paysage libyen ».

Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie : « L’Arménie fêtait le vingtième anniversaire de son indépendance. Des trois nations, c’était la plus proche de nous. La France avait toujours entretenu des liens exceptionnels avec ce pays (…) Les Turcs les avaient exterminés avec un soin diabolique.(…) « 

Haïti peu après le séisme : « La population, déjà parmi les plus pauvres au monde, se trouvait exposée au dénuement le plus profond. La situation était apocalyptique.(…) Il se trouvait qu’il s’agissait de la première visite d’un président français dans cette ancienne colonie qui s’était libérée en 1804 de la tutelle française (…) Les ֤États-Unis, en voisins vigilants, étaient prêts à utiliser le moindre prétexte pour les mettre sous tutelle ».

Etats-Unis : « Le monde était devenu multipolaire. Ils étaient les premiers à devoir accepter cette nouvelle réalité justement parce qu’ils étaient les plus puissants. Il fallait donc faire preuve de créativité pour inventer les réponses aux défis de notre époque (…) Malgré tout, il s’agissait d’un rude défi que de défendre devant les étudiants d’une prestigieuse université américaine l’idée que c’était l’absence de règles qui risquait de tuer la liberté et que celle-ci ne pouvait prospérer sans un minimum de régulation. »

(Exécution de Bin Laden) : « Je fus impressionné par la hardiesse de l’opération, son ingéniosité, son efficacité. Les forces américaines n’avaient aucun blessé à déplorer. C’était une nouvelle démonstration de la force et du savoir-faire des Américains. Ce jour-là, j’ai admiré sans réserve nos partenaires d’outre-Atlantique. »

Chine : « J’eus ainsi le plus grand mal à rattraper les polémiques qui entourèrent le passage de la flamme olympique à Paris en route pour les Jeux olympiques de Pékin ». Suivent des considérations sur ce qu’on ne peut pas faire avec la Chine : « reste Taïwan et ses près de vingt-cinq millions d’habitants. Le mieux que l’on puisse espérer est le statu quo, qui arrange les affaires de tout le monde, y compris des Taïwanais. »

Afghanistan : « cela faisait soixante-quinze soldats qui avaient péri, dont dix-huit rien que pour cette année 2011 (…) J’annonçai donc le retrait de mille de nos soldats sur les quatre mille présents (…) Je crois toujours que le principe d’une intervention internationale pour aider les Afghans à se libérer des talibans moyenâgeux était juste, tout à la fois politiquement et moralement. Mais nous savions tous qu’à un moment ou à un autre les Afghans devraient reprendre en mains leur destin. »

Très éloignée en revanche est l’Asie, présente pour quelques grands événements et des catastrophes : l’exécution de Bin Laden et la catastrophe de Fukushima – non nucléaire mais uniquement due au tsunami selon M. Sarkozy.

Qu’on me permette encore un souvenir personnel. Quand il n’était encore que ministre de l’Intérieur, son hostilité au Président Chirac l’avait conduit à dire qu’il ne supportait pas les sumotori, que Chirac adorait. Cela avait conduit des centaines de Japonais mécontents à le faire savoir à l’ambassade de France et l’auteur de ces lignes à s’en faire l’écho auprès du conseiller diplomatique du ministre. « S’excuser ? Pas question » lui avait répondu vertement ce dernier.

Le Japon ne compte pas dans sa vision du monde, il n’y a jamais rendu de visite bilatérale, se contentant d’être présent à un sommet du G7. Une seule mention d’un architecte japonais, Shigeru Ban parce qu’il a co-dessiné le Musée Pompidou de Metz.

***

This is almost a first. I had already written a review of a good - and rare - book of ambassadorial memoirs, as they were mainly set in Asia : "La diplomatie n’est pas un dîner de gala" by Claude Martin on 18/9/2020. The brief this time is to review Nicolas Sarkozy’s latest book, ’Le temps des combats’ (627 pages including photos and index) solely from a geopolitical perspective.

The new literary season of 2023, with 466 novels, is down on 2022. So why read one book rather than another ? There are many possible reasons, from the quality of the writing to the quality of the storytelling.

But there is another category of book that sells a lot : the memoirs of politicians. For example, Obama’s memoirs, which do not yet cover his second term in office (2012-2016), already had 5 million readers before they even came out. The latest Sarkozy memoir, "Le temps des combats", was probably released a little ahead of schedule on 19 August to satisfy "the impatient readers", according to Le Figaro. Gavroche, an independent magazine, asked this columnist to write a few lines about it.

It should be noted at the outset that Mr Sarkozy has already written 12 books before this one, and that is the first limitation : he does not deal with the first years of his five-year term, this book being limited to 2009, 2010 and 2011, which deprives us of his account of a historic shock, the subprime crisis, which had already begun in the United States and had a knock-on effect on the global economy on 15/9/2018 with the collapse of Lehmann Brothers and its aftermath.

The second limitation of this article is that it is very difficult to distinguish between geopolitics and domestic politics. Geopolitics is present from the very first lines, expressing general views that are otherwise well known : "I am convinced that we are facing a crisis of civilisation, a complete change of paradigms and that we are witnessing a shift in the axis of our planet. Until the last third of the 20th century, this axis was permanently set to the West. It is now full East. We Europeans used to be the centre of the world. We are no longer. Asia has become the major strategic axis.

"Music to my ears", as we would say in English, so we have his analysis of the great change affecting the world, which he attributes - he is not the first, his predecessor who was never elected to the Presidency of the Republic, René Dumont, said the same thing in 1973 - to demography. But no, he quickly moved on to domestic politics, handing out rare good points and, above all, merciless criticism to his countless scapegoats, and blithely mixing major issues with the presentation of his personal feelings or family remarks.

What does Mr Sarkozy think the world is coming to ?
"The instrument of this generalised levelling has a name : the demand for egalitarianism at all costs and in all its forms". With Mr Sarkozy, there is no egalitarianism. The biographical index (13 pages) shows what he thinks of each of them. Many, including those in his own camp, take their hat off to him, particularly those he has appointed as ministers, but our analysis will go no further.

It’s more surprising and interesting when he speaks very highly of political figures with whom agreement was not self-evident, such as President Lula in Brazil (p 202) - it’s true that the sale of Mirage aircraft was a major topic of conversation.

"He was even one of the heads of state for whom I felt the most sympathy. It was spontaneous and quite profound. Unfortunately, we won’t find out much more about geopolitics ; what counts is "spontaneity".

Not that his often pertinent remarks on the major issues facing humanity - the G8, G20, globalisation, capitalism, global warming, identity, etc. - are absent, but they quickly give way to television appearances, the salaries of big bosses, personal attacks... As he writes on p. 40 : "In France, everything has been, is or will be political.
Nevertheless, this review attempts to be objective. Mr Sarkozy presents his vision of the world, which is often accurate despite its bias.

To put it simply, it is the pluri- or multilateral formats that provide the most relevant analyses. This was all the more the case given that France, and therefore Mr Sarkozy, chaired both the G8 and the G20 in 2011. He returns to the subject several times, since these bodies have the merit of meeting regularly, only the G7 having had several successive formats : Russia was invited in 1999 and then ’provisionally’ excluded in 2014 after the illegal occupation of Crimea.

On the very first page, he asks questions about the G20, globalisation and capitalism : "I took advantage of the start of the year (NB : 2009) to try to learn some lessons from the economic and financial cataclysm that had befallen the world. (...) I wanted to defend the idea that purely financial capitalism was a betrayal of the capitalism I believed in. The second was the business of entrepreneurs. The first, speculators. (...) I would also like to highlight a paradoxical consequence of globalisation which, at the same time as it allowed the quite spectacular emergence of a middle class in a number of developing countries such as China - no fewer than 400 million Chinese can now be classified in this category - organised the parallel and equally sudden decline of the middle classes belonging to the so-called developed countries (...) Getting the G20 created was a famous battle".

NB : it is true that the G20, which has long existed at the level of finance ministers and central bank governors, was for the first time raised to the level of heads of state and government to deal with the 2008 crisis, but this was naturally a collective effort spearheaded by British PM Gordon Brown and not just Nicolas Sarkozy, who takes credit for it.

G8 and Egypt : he opposes President Obama because he is calling for a "fair trial" for deposed President Hosni Mubarak. "What a surprise to see Barack Obama’s negative reaction. He declared shamelessly : "If we publish this statement, we will alienate the youth of Egypt. So I’m against it". The French President gave in.

G8 and nuclear power : against Mrs Merkel, he pointed out that "Japan was not the victim of a nuclear accident at Fukushima on 11 March 2011, but of a level 9 earthquake. An intensity never before seen in the country, which triggered a gigantic tsunami. Those of us who were trying to talk sense had our work cut out for us".

NB : this ignores the fact that without a nuclear power plant, the tsunami would not have had such tragic consequences.
Presidency of the G20, in the midst of the debt crisis in Greece and Italy : "The big event in November was the G20 meeting in Cannes. It was the sixth summit since I came up with the idea for this new institution.(...) President Obama himself was worried : "We have to solve the financial crisis in Europe. The Chinese President added another layer, saying : "It’s up to Europe to solve the European debt problem. He wasn’t wrong...(...) Did Greece want to stay in the eurozone or not ? That was the only question to be decided. We were determined not to pay a penny to Athens while we waited for the answer. The country’s food supply was now cut off. Papandreou staggered out of the room (...) We had had to sacrifice Papandreou and Berlusconi to try and contain the tsunami of a financial crisis whose epicentre this time was clearly at the heart of Europe.

There was another bone of contention that occupied the G20, less burning than the financial crisis, but more profound : the need to affirm the primacy in all circumstances and in all places of the principle of non-interference in internal affairs. This was the credo of China, Russia, Brazil, India and South Africa. That was a lot of people. I was reaching the limits of the G20’s unity. (...) I would have liked to create a G20 general secretariat to better monitor its decisions, for us to abandon the unanimity rule in favour of the majority rule in order to maintain the effectiveness of the body, and even for us to extend the duration of the rotating presidency to give it stability and allow it to become more embodied. I was certain that this new format for discussing the G20 was the right one, but that its operation needed to be refined. This is still an open question. Nobody has taken it up. That’s a shame.

The G20 enabled prudential regulation to be put in place, and President Sarkozy is committed to ensuring that they are respected within the framework of a renewed global governance : "In this way, I wanted to launch the major project of renewing the entire multilateral system. Unfortunately, I have to say that nearly fifteen years on, this work has still not begun, even though none of the international bodies responsible for multilateralism is in a position today to function properly. (...) Most of the countries designated as tax havens never ceased to want to escape this unenviable and particularly stigmatising status. The global pressure was such that no one could resist. The days of banking secrecy were over", as he endeavours to get major French bankers to admit (p 199).

However, August 2011 "began with a panic on the stock markets (...) At that very moment, I was President of both the G8 and the G20. In the face of German reticence, "the summit was long, bitter and, in the end, fruitful, since we were able to hold a joint press conference during which we presented the proposals that we would make together to the other members of the eurozone (...) Our text was adopted without further difficulty. Everyone was relieved by our joint agreement. There was not even a hint of irritation. The Franco-German axis had worked at its best.
He also has a vision of Europe and its relations with Germany, the Atlantic alliance and Russia.

NB There has been a lot of criticism in France of what he writes about the latter. Judge for yourself : "Together with Chancellor (Merkel), we stated that "the use of military force and the unilateral recognition of South Ossetia and Abkhazia were contrary to international law and created a problem of trust with Russia. All this was true and has not changed fourteen years later. The fact remains that Russia is a great military power, with a European culture and which happens to be Europe’s geographical neighbour. It has the raw materials and space that we lack. We have the technologies, the financial resources and the markets that it does not. Can we afford to go to war with each other ? I don’t think so, because then we would definitely be the two losers, to the benefit of the two usual winners in major world affairs : the United States and China. Even then, I did not believe that we had returned to the Cold War, despite Russia’s despicable intervention in Georgia. The USSR no longer existed (...) Just over a century ago, French was spoken at the Tsar’s court. Few countries like ours were so attached to their culture, their roots and their traditions. This was the European side of our great Russian neighbour. But we too often forget the importance of the Asian influence of the world’s largest nation, which still shares more than four thousand kilometres of borders with China. Lake Baikal is just two hours by plane from Beijing and, conversely, six hours by plane from Moscow. This is perhaps the origin of the latent violence of the Russian soul, the brutality of its political practices and the virtual absence of any democratic interlude throughout its history.
"It was this same conviction of the need for partnership with the United States that led me to bring France back into NATO’s integrated military command. If you’re going to be a member, you might as well be a full member. (...) With the United States, you have to be strong and independent. (...) Naturally, there is no question of accepting the fait accompli policy implemented by Vladimir Putin through the "uninhibited" and brutal use of his military forces. This strategy is contrary to all international laws. Our condemnation must be strong and unambiguous. (But) we must find ways and means of re-establishing neighbourly relations that are at least peaceful, if not cordial. (...) Ukraine for its part should undertake to remain neutral, (...) . Being neutral is not a stigmatising status. Switzerland still is. (...) The issue of our relations with Russia has occupied our heads of state for several centuries. It has been at the heart of the main diplomatic concerns of all the presidents of the Fifth Republic. This is yet another illustration of the fact that presidents come and go and problems remain.

On NATO, or rather its integrated military command : "In fact, France had ended up excluding itself. It had become more than a habit, a mere posture. So the time had come to put an end to the situation. Those who are absent are always wrong. I preferred a France that co-leads rather than a France that suffers.

NB : What Mr Sarkozy does not write is that 750 French officers had to be sent to Brussels to "co-lead".

Germany, i.e. Mrs Merkel, is omnipresent ; it is she who has to be convinced, for example to come to the aid of Greece in the midst of a financial crisis : "It was a period of tension between Angela and me, but no doubt we had to go through that to test the solidity of our alliance. We finally agreed on unprecedented aid from the European Union and the IMF, to the tune of one hundred and ten billion euros, for the over-indebted Greece. In exchange, the European countries demanded painful sacrifices from Greece.

Because she was struck by immobility from which only he could extricate her : "Everything was moving in the world and on our continent, but nothing was going to change. It was unbearable (...) Perhaps I should have gone to the institutional crisis to provoke a salutary reaction ?

Nicolas Sarkozy also raises bilateral relations.

Country by country, the closest ones dominate : Egypt, the Palestinian territories, Israel, Syria, Lebanon, Algeria, Morocco, Turkey, countries countries of the "Arab Spring", Libya, Abu Dhabi, but also Sahelian Africa, Europe and America, in some cases Latin America but most often the United States. And little of Asia : Afghanistan.

He only distances himself from France to gauge its influence : "I needed to see France from further away to get to know it more closely. (...). I devised strategies to develop what was my obsession : France’s influence".

His thoughts on the various issues arising in these countries are rarely original : "Once again, the situation had deteriorated sharply between Israel and Hamas. As usual, responsibility was shared (...). My conviction today is that in truth nothing will be possible without the will of the Israelis and the Palestinian Authority".

Other countries in the Middle East : "The tragedy of Orient is that its identity is multiple, while its present is cluttered only by impulses to exclude the ’different’ neighbour from the national arena". It’s also an opportunity to reflect on all the areas where French people are involved, whether in the service of the United Nations, the EU or for their own needs, such as UNIFIL in the Middle East : "The French contingent has been fulfilling this role for no less than forty-five years. That’s a long time ! Too long ! Far too long ! On the one hand, because it is gradually leading the French army to be seen as an occupying force. "So, as much as I approved the sending of the Barkhane force to the Sahel to confront the jihadists, I questioned its continuation (...) In the best of cases, we will remain powerless, in the worst, we will be targeted. It’s so easy for powers with no legitimacy whatsoever that need to designate an enemy in an attempt to make people forget their own shortcomings". This book was written before the putschists targeted France in Niger...
The French army, as is normal for a French President, is at the centre of his concerns, and this is also true when it comes to naval aviation. "We (with David Cameron) had even gone further by planning to install French aircraft on a British aircraft carrier, and of course to ensure the reciprocal on our own ships. It wasn’t that simple, because British fighters took off and landed vertically, while French planes used catapults and braking cables ! But the Brexit has widened the gap : "We haven’t finished paying the price for this huge mess."
Turkey, the subject of a persistent dispute with the United States : "The first (disagreement with Obama) arose at the start of the first tête-à-tête organised in Strasbourg. Barack Obama was desperate to please Turkish Prime Minister Erdoğan. Erdoğan had made it a priority to get his country to join the European Union. As I have already had occasion to explain in "Le Temps des Tempêtes", I didn’t want to hear about it."
Abu Dhabi : "So I was about to inaugurate the first French military base in the Persian Gulf. The inauguration of this military base represented for me a real diplomatic, strategic and political turning point. Lastly, it made sense to act in this way at a time when France was returning to NATO’s integrated command. In Abu Dhabi, our troops would be in constant contact with their American and British counterparts in the region. So we were now at the very heart of intelligence gathering, which was very useful for both our internal and external security.
He is not unhappy to find himself up against a "medieval" Iran, but there is no analysis of that country’s geopolitical role.
The other consequence was the organisation of a certain military disengagement in Africa. "Keeping our forces in Mali was a double mistake. Firstly, from a military point of view. How could we hope to control a territory three times the size of France with four thousand men ? It was doomed to failure". The subject is often linked to immigration : "The pressure of migration is going to increase tenfold. What will the five hundred million Europeans weigh against the two and a half billion Africans, half of whom will be under the age of 20 ?
In Côte d’Ivoire, the situation was delicate because the elected President, Ouattara, was violently contested. "I had repeatedly said that we had to put an end to Françafrique. So I had to avoid France being on the front line, especially as we had a thousand soldiers who had long been stationed in a military base in Abidjan. But all that was just theory, because in practice I was going to have to act very differently," i.e. to intervene in favour of the winner of the election.
Tunisia and the Arab Spring. "I was late in reacting to what has come to be known as the Arab Spring (...) I ended this sequence by "unloading" our ambassador in Tunis. He was undoubtedly a scapegoat. (NB : appointed by President Chirac...).
Egypt : "I was late in reacting to Tunisia. I didn’t want to make the same mistake with Egypt (...)
Libya : We were not finished with the Arab Spring, since Libya had joined the now long list of countries in a state of revolt and chaos (NB : French and British fighter planes intervened) "The coalition’s intervention prevented Gaddafi from massacring his people and saved thousands of innocent civilians. (...) We were only meant to stay as long as the population was under threat from tanks and planes. It was only on the eve of my departure that the press broke the news that I was going to Tripoli and then Benghazi. I had promised the British Prime Minister, David Cameron, that I wouldn’t go there without him. He was very keen to do so, which was only right, because we had been at the helm together from start to finish. It was a truly historic moment.
A little further on, "the most important news at the end of October was the death of Gaddafi. French planes undertook the mission. Air strikes immobilised the convoy without destroying it. An American drone had also fired a missile at the column. It was at this point that the anti-Gaddafi rebels took their turn hunting it down on the ground. It seems that the dictator then took refuge with his bodyguards in a sewer tunnel. There he was found, surrounded and finally captured.
But after 2012, "France disappeared from the Libyan landscape".

Armenia, Azerbaijan and Georgia : "Armenia was celebrating the twentieth anniversary of its independence. Of the three nations, it was the closest to us. France had always had exceptional ties with this country (...) The Turks had exterminated them with diabolical care (...)".
Haiti shortly after the earthquake : "The population, already among the poorest in the world, found itself exposed to the most profound destitution. The situation was apocalyptic (...) This happened to be the first visit by a French President to this former colony, which had freed itself from French tutelage in 1804 (...) The ֤United States, as vigilant neighbours, were ready to use the slightest pretext to put them under tutelage".
United States : "The world had become multipolar. They were the first to have to accept this new reality precisely because they were the most powerful. It was therefore necessary to be creative in inventing responses to the challenges of our time (...) Despite everything, it was a tough challenge to defend before the students of a prestigious American university the idea that it was the absence of rules that risked killing freedom and that freedom could not prosper without a minimum of regulation".
(Bin Laden execution) : "I was impressed by the boldness of the operation, its ingenuity and its efficiency. The American forces suffered no casualties. It was another demonstration of American strength and expertise. That day, I unreservedly admired our partners across the Atlantic.
China : "I had the greatest difficulty in catching up with the controversy surrounding the passage of the Olympic flame through Paris on its way to the Olympic Games in Beijing". This is followed by some thoughts on what we can’t do with China : "There’s still Taiwan, with its population of nearly twenty-five million. The best we can hope for is the status quo, which is good for everyone, including the Taiwanese.

Afghanistan : "Seventy-five soldiers had died, eighteen of them in 2011 alone (...) I therefore announced the withdrawal of one thousand of our four thousand soldiers (...) I still believe that the principle of international intervention to help the Afghans free themselves from the medieval Taliban was right, both politically and morally. But we all knew that at some point the Afghans would have to take their destiny back into their own hands.

Asia, on the other hand, is far away, present for a few major events and disasters : the execution of Bin Laden and the Fukushima disaster - non-nuclear but solely due to the tsunami, according to Mr Sarkozy.
Allow me to make one more personal observation. When he was still Interior Minister, his hostility to President Chirac led him to say that he couldn’t stand sumotori, which Chirac adored. Hundreds of disgruntled Japanese verbally attacked the French Embassy and the author of these lines spoke to the minister’s diplomatic adviser. "Apologise ? No way" was the harsh reply.
Japan is not part of his vision of the world, and he has never made a bilateral visit there, contenting himself with attending a G7 summit. There is only one mention of a Japanese architect, Shigeru Ban, because he co-designed the Pompidou Museum in Metz.


Voir en ligne : ASIE – FRANCE : « Le Temps des combats » de Nicolas Sarkozy