Alain Juppé
mardi 7 novembre 2023, par
Recension des mémoires d’Alain Juppé
Review of the memoirs of Alain Juppé
Article : Recension du livre d’Alain Juppé « Mémoires. Une histoire française. »
M. Juppé, dans ses Mémoires récemment publiées, fait un grand nombre de remarques à forte résonance.
Ici ne seront rapportées que celles qui concernent les affaires extérieures, dont certaines lorsqu’Alain Juppé a été Ministre des affaires étrangères, mais aussi dans d’autres circonstances, dans l’ordre, chronologique, du livre. La politique intérieure, bien entendu, est laissée de côté.
Dès la page 38, l’auteur fait part de ses vues sur l’intolérance des religions – il se dit lui-même agnostique, bien que sa jeunesse ait baigné dans le rituel catholique.
« Je n’en prends que quelques exemples récents. L’hindouisme est parfois assimilé à la non-violence de Gandhi ; mais au moment de l’indépendance et de la partition de l’Inde britannique, hindous et musulmans se sont massacrés. Et aujourd’hui encore on brûle des mosquées, parfois des églises, et par représailles des temples, dans l’Inde moderne dont le régime politique pratique peu la tolérance. Les bouddhistes birmans ont tué ou chassé des milliers de Rohingyas parce que, membres d’une minorité ethnique rebelle à leur pouvoir, ils étaient musulmans ».
Très tôt, le grand large l’attire même s’il ne s’agit que de voyages touristiques. En page 52, il fait la liste de pays visités : Grèce et Turquie à travers la Yougoslavie, puis Espagne, Portugal, Java, Bali, Brésil, il est boulimique.
Inspecteur général des finances, une mission sur la coopération culturelle et scientifique le fait voyager. Il y reviendra plus tard, en particulier comme Ministre.
P 89, ce n’est encore qu’une brève allusion, il s’intéresse à l’Afrique.
p 143, il se penche sur la construction européenne et se livre à une autocritique – chose rare chez les hommes politiques – en avouant le manque de constance dont les Français, lui compris, font preuve dans leurs relations avec les instances européennes, Commission et Parlement, à la différence des Britanniques avant le Brexit et des Allemands.
C’est (p 155) avec « Le Quai », comme il intitule ce chapitre, que l’auteur traite à fond de politique extérieure. Il occupe cette fonction en 1993-95, le pouvoir socialiste en place ayant connu une « Bérézina » électorale, c’est la 2ème cohabitation.
L’auteur de cette recension a servi sous Alain Juppé ministre des affaires étrangères, en particulier sur plusieurs des dossiers et sujets qu’il évoque. Il n’est pas possible de les citer tous, on ne pourra éviter que certaines préférences apparaissent.
P 160 Il déplore que les femmes soient à l’époque aussi peu nombreuses et le difficile métier de "femme d’ambassadeur » aussi peu considéré.
Pp 164 -166, il revient sur l’Uruguay round jalonné d’épisodes belliqueux : l’accord de Blair House sur l’agriculture que la France réussit, à grand-peine, à faire remettre en cause par la Commission européenne, et la tentative hollywoodienne de faire traiter la production cinématographique « comme des pommes de terre » - déjouée par Jacques Chirac en déplaçant le débat sur l’Unesco où fut votée la Convention sur la protection des expressions culturelles, au nom de l’exception culturelle. Pour autant, il exprime avec force pp 166 et 167 son accord avec la mondialisation « prodigieuse aventure de l’humanité » et son hostilité à la démondialisation. Certes, écrit-il, « la mondialisation a aussi son cortège d’effets négatifs(…) mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain ».
Music to my ears…
Il consacre les pages 168 à 176 au « drame dans l’ex-Yougoslavie », dont il relate les épisodes d’un script rigoureux qui ne se résume pas.
On sait comment le drame s’est terminé, peut-être provisoirement tant l’occupation russe en Ukraine avive les tensions balkaniques (p 175). M. Juppé met l’accent sur la succession du Président Mitterrand par Jacques Chirac en mai 1995, qui produit rapidement un changement positif d’attitude jusqu’à la conférence de Dayton (novembre 1995) où fut négociée la fin de la guerre. Il analyse les freins à l’efficactié de l’action internationale, notamment les mandats paralysants des Nations Unies.
Qu’on permette à l’auteur de ces lignes d’y ajouter un souvenir personnel : sous le président Mitterrand, le secrétaire général du Quai d’Orsay avait pour instructions de tout faire pour que la Serbie soit épargnée et la Yougoslavie maintenue. On sait ce qu’il en a été.
D’un drame à l’autre, Alain Juppé rappelle ensuite « le génocide des Tutsis » dont il nie avec véhémence que « la France (…) en ait été complice ». Il relate comment la France a succédé aux colonisateurs allemands puis belges « sur une sorte de ligne de front face à l’Est africain anglophone ». Après la commission Duclert (historien chargé par le Président actuel de « faire la lumière ») « il reste bien des zones d’ombre ».
Pour l’auteur de ces lignes, qui a vécu de 1976 à 1980 au Rwanda, on ne saurait mieux dire.
Alain Juppé a « conscience qu’en écrivant ce que je crois être la vérité, je m’expose à la critique des tenants de la doctrine officielle, tant l’omerta médiatique qui règne à Paris sur la tragédie rwandaise est absolue » et fait mine de se satisfaire qu’un jugement français récent ait lavé les militaires français de toute participation aux exactions.
Plus souriant, il évoque p 184 la force d’âme de Mandela qui réussit, après 27 ans de prison « la réconciliation d’un peuple cassé par l’apartheid ! ».
C’est, pp 217 à 248, le chapitre consacré à « Bordeaux, « ma » ville » qui comporte sand doute les plus belles pages de ces mémoires. Alain Juppé entre en campagne et en devient Maire après avoir perdu, Premier ministre, les élections nationales.
L’auteur de ces lignes, qui a habité 3 ans Bordeaux et réside à proximité, rend grâce à l’ancien Maire – 22 ans à part une éclipse d’un an et demie - chaque fois qu’il prend le tramway pour se rendre « à la ville ». Il a transformé « la belle endormie ». Cette trentaine de pages, ce sont peut-être les plus belles de ces Mémoires.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la province est loin de nous écarter de la géopolitique.
Tout commence avec la Foire internationale, se poursuit avec les jumelages dont celui de Fukuoka (Japon) noué par son rival rallié, Jacques Valade, qui sont toujours bien vivants, la culture y est mondiale ; une équipe d’architectes bordelais donne toute sa place au vélo avant que ce ne soit partout la mode, notamment quand le Président Chirac vient inaugurer le tramway qui a, dans un premier temps, rendu la circulation impossible avant de la fluidifier, la fête du vin vient célébrer ce qui a toujours fait de la ville une métropole mondiale : « quel meilleur emplacement que les quais d’où partaient, à l’age d’or de Bordeaux les cargaisons de vin destinées principalement aux amateurs d’Angleteterre », dont la reine d’Angleterre avant que ne lui succède le Roi Charles ; c’est un plasticien japonais qui crée un pont éphémère entre les rives du fleuve.
Corollaire logique, « j’ai musclé la direction des relations internationales de la ville ; à sa tête j’eus la possibilité de nommer des jeunes diplomates de talent » (p 246) .
Les affaires étrangères ne sont pas loin : il soutient le courageux discours aux Nations Unies de Dominique de Villepin contre l’invasion de l’Irak (p 263).
Mais après un processus judicaire long et compliqué, il apprend qu’il est condamné à l’inégibilité à vie, ramenée ensuite à un an : il lui faut donc quitter Bordeaux, « mouillé de larmes (…) ce fut un arrachement » pour le Québec, en « exil » selon le titre du chapitre XIII, où il vit cependant « la plus belle année » : bien accueilli par le Maire de Québec, enseignant, ce qui lui laisse des loisirs, une vie de famille, des balades, des amitiés nouvelles et diversifiées, « la lutte contre les anglicismes ».
« La mondialisation heureuse était à la mode » - 20 ans après, dit-il, « le balancier des idées est allé loin dans l’autre sens (…) Poutine décrète la mort du libéralisme ». Ce n’est pas sa seule découverte : « c’est au Canada que je pris conscience de l’urgence climatique » (p 277)
Il revient, reprend les commandes de la mairie de Bordeaux, ce qui ne l’empêche pas de s’intéresser au vaste monde : il honore en novembre 2006 l’accord triangulaire Bordeaux-Ramallah-Ashdod mais écrit, prémonitoire : « Hélas, les jumelages ne suffisent pas à faire la paix » .
Il a écrit avant la terrible guerre gazaouie.
P 298, il regrette que la France ait réintégré les instances militaires de l’Otan sans contrepartie, l’Europe de la défense qu’il essaiera en vain d’obtenir plus tard comme ministre des affaires étrangères, se heurtant au refus anglais.
En effet, il revient au gouvernement, d’abord en novembre 2010 comme Ministre de la Défense pour 3 mois seulement, assez pour voir Poutine « qu’alors nous n’avons pas cherché à isoler », puis aller à Noël auprès de nos soldats en Afghanistan et à peine rentré de Kaboul se rendre sur commande au Brésil. Début janvier, l’assassinat de deux otages français au Niger le plonge dans le tragique sahélien puis le voilà à New York et Washington.
Il doit alors « changer d’affectation » en revenant au Ministère des affaires étrangères, après le faux pas de Michèle Alliot-Marie, quand le suicide du vendeur ambulant tunisien Mohamed Bouazizi déclenche les « printemps arabes » ( p 311) dont il cherche à mesurer la profondeur en se rendant en Egypte et en organisant à Paris un colloque. Le moment le plus délicat a été la décision d’invoquer la « responsabilité de protéger » pour participer à une opération aérienne sous mandat de l’ONU qui conduisit à la chute de Khadafi.
Alain Juppé, aujourd’hui, n’est pas sans regrets puisqu’en Libye, malgré ses efforts, les nouveaux dirigeants libyens « retombèrent vite dans les affrontements tribaux dont nous avions sous-estimé la permanence daans un pays qui n’en est pas vraiment un » et plus généralement « dans aucun pays arabe la démocratie n’a gagné » - y compris dans un pays non-arabe comme l’Iran.
Pas d’indulgence pour lui-même : « La Syrie connaît, elle, le comble de l’horreur. Nous somme intervenus en Libye, c’est le chaos. Nous ne sommes pas intervenus en Syrie, c’est un chaos pire. »
François Hollande gagnant les élections, il quitte le Quai d’Orsay mais reste attentif et voit Obama annoncer que « les Etats-Unis ne réagiront pas » à ce qu’Obama avait pourtant présenté comme une « ligne rouge » : l’usage par Bachar al-Assad du gaz, laissant ainsi le champ à Poutine.
Comme Ministre des affaires étrangères, il parcourt la planète, prépare le G 20 de Cannes qui « ne fut pas un franc succès » et l’on n’énumèrera pas toutes les capitales où il s’est rendu, mais il est plus disert sur l’Afrique, notamment ce nouveau pays qui se crée le 9 juillet 2011, le Soudan du Sud, occasion de « proclamer mon afro-optimisme ».
Il signale « un succès, quand même ! » : la Grèce qu’il fallait « sauver du défaut de paiement », à rapprocher de ce credo qui clôt le chapitre : « Je persiste et signe : hors l’Europe, point de liberté pour la France ».
Une France « laïque », ce qui ne veut pas dire « incompatible avec l’Islam » car ce serait « déclencher une forme de guerre civile (…) Malgré les difficultés et les obstacles, je n’en démords pas : hors la laïcité, pas d’harmonie possible dans la République dont la devise devrait s’enrichir de ce principe fondamental : liberté, égalité, fraternité, laïcité » (p 347).
La fin de ces Mémoires n’évoque plus l’étranger que sous forme de brèves cartes postales, l’essentiel étant consacré à son échec aux primaires pour l’élection présidentielle de 2012, « fin de ma vie politique » que concrétise son entrée en fonction au Conseil Constitutionnel : « C’est pourquoi j’arrête ici le récit des travaux et des jours de ma longue carrière publique » (p 371). Ce qu’il écrit ensuite dans son Epilogue relève que « la liberté est en danger » du fait de la profusion de régimes autoritaires contre lesquels un « sursaut moral » est nécessaire. Après un discours enflammé sur la liberté, le livre s’achève sur « La chance d’être français ».
Commmentaires : Répondant aux questions posées dans sa bonne ville de Bordeaux, où sa popularité est telle que beaucoup d’auditeurs ont dû rester debout pour l’entendre, l’auteur de « Une histoire française » précisait : « La chance d’être Français, c’est d’être libre ».
On ne conclut pas de telles mémoires.
L’auteur de ces lignes, deux fois soumis au pouvoir hiérarchique du ministre Juppé, et qui a parmi ses lecteurs certains des diplomates qu’il cite nommément, a été familier de plusieurs sujets géopolitiques traités dans ce livre, ce qui rend parfois difficile de faire le départ entre souvenir et lecture. Qu’il ne lui en soit pas tenu rigueur !
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Article : Review of Alain Juppé’s book "Mémoirs. A French History".
Mr Juppé, in his recently published Memoirs, makes a large number of remarks with strong resonance.
Here we will report only those that concern foreign affairs, some of them when Alain Juppé was Minister of Foreign Affairs, but also in other circumstances, in the chronological order of the book. Domestic policy, of course, is left aside.
From page 38 onwards, the author shares his views on religious intolerance - he calls himself an agnostic, although he grew up surrounded by a Catholic ritual.
"I’ll take just a few recent examples. Hinduism is sometimes equated with Gandhi’s non-violence ; but at the time of independence and the partition of British India, Hindus and Muslims massacred each other. And even today, mosques and sometimes churches are burnt, and temples are burnt in retaliation, in modern India, whose political system does little to promote tolerance. Burmese Buddhists have killed or driven away thousands of Rohingyas because, as members of an ethnic minority that rebelled against their rule, they were Muslims".
From a quite early time, he is drawn to the overseas, even if it is only on tourist trips. On page 52, he lists the countries he has visited : Greece and Turkey through Yugoslavia, then Spain, Portugal, Java, Bali and Brazil.
As Inspecteur General des Finances, he travels on a mission to promote cultural and scientific cooperation. He will return later, in particular as a Minister.
On p. 89, it is still only a brief allusion, he is interested in Africa.
On p 143, he looks at the Europe construction and engages in self-criticism - a rarity among politicians - by admitting that the French, including himself, have shown a lack of consistency in their relations with the European institutions, Commission and Parliament, unlike the British before the Brexit and the Germans.
It is with "Le Quai", as he calls this chapter (p 155), that the author deals in depth with foreign policy. He holds this post in 1993-95, when the Socialist government in power have experienced an electoral ’Berezina’, the 2nd cohabitation.
The author of this review served under Alain Juppé, Minister of Foreign Affairs, and in particular on several of the issues and subjects he discusses. It is not possible to quote them all, but it is impossible to avoid certain preferences.
P 160 He deplores the fact that there are so few women at the time and that the difficult job of "ambassador’s wife" is so little appreciated.
Pp 164 -166, he revisits the Uruguay Round, punctuated by conflictuous episodes : the Blair House agreement on agriculture, which France manages, with great difficulty, to get the European Commission to contest, and the Hollywood attempt to have film production treated "like potatoes" - thwarted by Jacques Chirac by moving the debate to UNESCO, where the Convention on the Protection of Cultural Expressions is voted, in the name of the cultural exception. Nevertheless, on pp 166 and 167 he forcefully expresses his agreement with globalisation, "humanity’s prodigious adventure", and his hostility to de-globalisation. Of course, he writes, "globalisation also has its share of negative effects (...) but we shouldn’t throw the baby out with the bathwater".
Music to my ears...
He devotes pages 168 to 176 to the "drama in the former Yugoslavia", recounting the episodes in a rigorous script that cannot be summed up.
We know how the drama ended, perhaps provisionally, given that the Russian occupation of Ukraine has heightened Balkan tensions (p 175). Mr Juppé emphasises the succession of President Mitterrand to Jacques Chirac in May 1995, which rapidly produces a positive change in attitude until the Dayton Conference (November 1995) where the end of the war is negotiated. He analyses the obstacles to effective international action, in particular the paralysing mandates of the United Nations.
The author of these lines would like to add a personal memory : under President Mitterrand, the Secretary General of the Quai d’Orsay was instructed to do everything possible to ensure that Serbia was spared and Yugoslavia maintained. We know what happened.
From one tragedy to another, Alain Juppé then recalls "the genocide of the Tutsis", which he vehemently denies that "France (...) was complicit in". He recounts how France took over from the German and then Belgian colonisers "on a sort of front line facing English-speaking East Africa". After the Duclert Commission (the historian tasked by the current President with "shedding light"), "there are still many grey areas".
For the author of these lines, who lived in Rwanda from 1976 to 1980, it couldn’t be clearer.
Alain Juppé is "aware that by writing what I believe to be the truth, I am exposing myself to criticism from the supporters of the official doctrine, so absolute is the media omerta that reigns in Paris over the Rwandan tragedy", and pretends to be satisfied that a recent French judgment has cleared the French military of any involvement in the atrocities.
More smilingly, on p 184, he refers to the fortitude of Mandela who, after 27 years in prison, succeeded in "reconciling a people broken by apartheid !".
It is, on pp 217 to 248, the chapter devoted to "Bordeaux, ’my’ city" that undoubtedly contains the finest pages of these memoirs. Alain Juppé enteres the campaign and becomes Mayor after losing the national elections as Prime Minister.
The author of these lines, who lived in Bordeaux for 3 years and lives nearby, gives thanks to the former Mayor - 22 years apart from an eclipse of a year and a half - every time he takes the tram to go "to the city". Alain Juppé has transformed "la belle endormie". These thirty or so pages are perhaps the most beautiful in his Memoirs.
Contrary to what one might think, the countryside is far from removing us away from geopolitics.
It all begins with the International Fair, and continues with sister Cities arrangements, including the one with Fukuoka (Japan) set up by his rallying rival, Jacques Valade, which are still very much alive today ; culture is global ; a team of Bordeaux architects gives full place to the bicycle before it becomes fashionable everywhere, particularly when President Chirac comes to inaugurate the tramway, which initially made traffic impossible before making it more fluid ; the wine festival celebrated what has always made the city a world metropolis : "What better place than the Quays from which, in Bordeaux’s golden age, shipments of wine left, destined mainly for the lovers of England", including the Queen of England before she was succeeded by King Charles ? A Japanese artist has created an ephemeral bridge between the banks of the river.
As a logical corollary, "I beefed up the city’s international relations department, giving me the opportunity to appoint talented young diplomats to head it up" (p 246).
Foreign affairs are not far away : he supports Dominique de Villepin’s courageous speech at the United Nations against the invasion of Iraq (p 263).
But after a long and complicated judicial process, he hears that he has been sentenced to life ineligibility, later reduced to one year : he therefore has to leave Bordeaux, "wet with tears (...) it is an uprooting" for Quebec, in "exile" according to the title of Chapter XIII, where he nevertheless has had "the most beautiful year" : He is welcomed by the Mayor of Quebec City, and is a teacher, which leaves him with leisure time, a family life, walks, new and varied friendships, and "the fight against Anglicisms".
"Happy globalisation was all the rage" - 20 years on, he says, "the pendulum of ideas has swung far in the other direction (...) Putin has decreed the death of liberalism". This is not his only discovery : "it was in Canada that I became aware of the urgency of climate change" (p 277).
He returns and takes over as Mayor of Bordeaux, but this does not prevent him from taking an interest in the wider world.
In November 2006, he honours the Bordeaux-Ramallah-Ashdod triangular agreement, but writes with great foresight : "Unfortunately, twinning is not enough to make peace".
He has been writing before the terrible war in Gaza.
On p. 298, he deplores the fact that France has rejoined the Supreme Headquarters Allied Powers Europe of NATO without any compensation : the Europe of Defence that he will later try in vain to obtain as Minister of Foreign Affairs, facing up the British refusal.
Indeed, he returns to government, first in November 2010 as Defence Minister for just 3 months, enough time to see Putin "whom we did not seek to isolate", then to visit our soldiers in Afghanistan at Christmas and, just back from Kabul, to travel to Brazil as ordered. At the beginning of January, the murder of two French hostages in Niger plunges him into the tragedy of the Sahel, and he then goes to New York and Washington.
He has to "change assignments" by returning to the Ministry of Foreign Affairs, after Michèle Alliot-Marie’s faux pas, when the suicide of a Tunisian street vendor, Mohamed Bouazizi, sparks off the "Arab Spring" (p 311), the depth of which he tries to gauge by travelling to Egypt and organising a conference in Paris. The most delicate moment has been the decision to invoke the "responsibility to protect" to take part in a UN-mandated air operation that led to the fall of Gaddafi.
Today, Alain Juppé is not without regrets, since in Libya, despite his efforts, the new Libyan leaders "quickly fell back into tribal confrontations, the permanence of which we had underestimated in a country that is not really one" and more generally "in no Arab country has democracy won" - including in a non-Arab country like Iran.
No indulgence for himself : "Syria is experiencing the height of horror. We intervened in Libya, and it’s chaos. We didn’t intervene in Syria, it’s worse chaos.”
François Hollande wins the election, he leaves the Quai d’Orsay, but keeps a close eye and sees Obama, who announces that "the United States will not react" to what the US President had presented as a "red line" : Bashar al-Assad’s use of gas, leaving the field open to Putin.
As Foreign Minister, he travels the world, preparing for the G20 in Cannes, which "was not a great success", and we won’t list all the capitals he has visited, but he is more forthcoming about Africa, in particular the new country that comes into being on 9 July 2011, South Sudan, an opportunity to "proclaim my Afro-optimism".
He points to "one success, though ! Greece, which had to be "saved from defaulting on its debts", to be compared with the credo that closes the chapter : "I persist and sign : outside Europe, there will be no freedom for France".
A "secular" France, which does not mean "incompatible with Islam", because that would be "to unleash a form of civil war (...) Despite the difficulties and obstacles, I will not budge : without secularism, there can be no harmony in the Republic, whose motto should be enriched by this fundamental principle : liberty, equality, fraternity, secularism" (p 347).
The end of these Memoirs only evokes foreign countries in the form of brief postcards, the main part being devoted to his failure in the primaries for the 2012 presidential election, "the end of my political life", which culminated in his appointment to the Constitutional Council : "That is why I am stopping here to recount the works and days of my long public career" (p 371). What he then writes in his Epilogue is that "freedom is in danger" because of the profusion of authoritarian regimes, against which a "moral awakening" is necessary. After a passionate speech on freedom, the book ends with "La chance d’être français".
Comments : Responding to questions in his home town of Bordeaux, where he is so popular that many listeners had to stand to hear him speak, the author of "Une histoire française" said : "La chance d’être Français, c’est d’être libre".
Such memoirs allow for no conclusion.
The author of these lines, twice subjected to the hierarchical power of Minister Juppé, and who has among his readers some of the diplomats he quotes by name, has been familiar with several of the geopolitical subjects dealt with in this book, which sometimes makes it difficult to distinguish between recollection and reading. May he not be held to account !
Yves Carmona