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G7, G20 etc. à quoi ça sert ?

dimanche 28 juillet 2019, par Yves

Sommets du G7, du G8, du G20 et autres sommets, à quoi ça sert ?

Voici revenu le temps pour la France d’accueillir le sommet du G7.
Ce sera du 24 au 26 août 2019 à Biarritz, choix impérial pour le sommet des « pays les plus industrialisés », Etats-Unis, Japon, RFA, Royaume-Uni, Canada, Italie et Présidents du Conseil et de la Commission de l’UE.

1/ Ce format a peu varié depuis qu’il fut lancé par Valéry Giscard d’Estaing en 1975.

D’une discussion au coin du feu entre leaders, loin de la presse et sans conseillers, le G5 rapidement devenu G7 a très vite enflé jusqu’à l’énorme rassemblement (plusieurs milliers de participants, presse et forces de sécurité comprises) qu’il est devenu.

Les conseillers tiennent une place majeure, ils le préparent un an à l’avance, même si un seul d’entre eux, le « sherpa » est dans la salle des chefs de délégation, en liaison électronique directe avec ses collaborateurs rassemblés dans une salle séparée et prêts à compulser leurs épais dossiers sur toute question évoquée entre leaders.

C’est que les sujets sont d’une grande diversité. A l’origine, il s’agissait de faciliter la coordination des politiques économiques et financières entre principales puissances capitalistes, y compris le Japon qui n’appartenait encore à aucune instance internationale de haut niveau malgré son poids économique, tout en tenant à l’écart des pays politiquement importants, membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies, mais communistes : l’URSS et la Chine populaire.

Ce besoin de coordination apparaissait d’autant plus criant en 1975 que le choc pétrolier avait ébranlé le système capitaliste libéral dont le principal pilier, les accords de Bretton Woods, s’effondrait.

C’est encore en format restreint (G5) qu’un accord aussi décisif que celui du Plaza (New York 1985) fut conclu, qui encadrait l’endaka (hausse vertigineuse du yen) et la baisse du dollar.

Par la suite, ce format montra ses insuffisances à mesure que la part des Sept dans l’économie mondiale se réduisait.

La crise financière de 2008 ( crise des subprimes) mit en lumière le rôle du G20, cénacle financier plus discret mais plus large qui fut propulsé au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement pour trouver dans l’urgence des solutions, qui restent en 2019, malgré leurs insuffisances, les piliers d’une gouvernance globale en construction. L’ONU avait vocation à jouer ce rôle mais trop large pour être efficace, elle a laissé un espace aux 20 (en fait beaucoup plus nombreux car y sont associés des représentants d’organisations internationales comme le FMI ou régionales comme l’ASEAN) pour concevoir des normes convenant aux pays émergents de toutes les régions du monde comme aux 7 les plus riches.

Contre toute attente, le G7, mué temporairement ( de 1998 à 2014) en G8 avec l’addition de la Russie dont les Occidentaux souhaitaient consolider la conversion au capitalisme libéral, a survécu car les leaders apprécient un cadre de discussion restreint qui, s’il ne résoud aucun des grands problèmes contemporains, permet d’en discuter entre pays partageant les mêmes valeurs et intérêts, c’est-à-dire la préservation d’un système démocratique et économique ouvert.

2/ La dernière fois que la France a accueilli le G7, c’était en 2011 (Deauville), et la même année le G20 ( Cannes)

Un autre sommet, le Conseil européen en 2000, fut organisé déjà à Biarritz (mi octobre) suivi de Nice (fin décembre). Depuis le traité de Lisbonne conclu en 2007, le Conseil européen se tient systématiquement à Bruxelles.

J’ai de près ou de loin participé à l’organisation de plusieurs de ces sommets avant de finir ma carrière au pied de l’Himalaya. Leur point commun, c’est qu’en dehors de Bruxelles, rodée à cet accueil, on n’a guère tiré de leçons de leur organisation, à preuve le choix cette année de Biarritz qui ajoute à tous les inconvénients du site des dates incongrues.
Dans ce site charmant mais exigu et qui vit principalement du tourisme, il faudra accommoder des milliers de participants, hébergements luxueux pour quelques-uns mais en nombre insuffisant, présence inévitable d’alter mondialistes et autres indépendantistes qui feront tout pour perturber les débats en pleine saison touristique.

Alors, tous ces sommets, à quoi servent-ils ?

Avant tout à la mise en lumière de l’organisateur et de ses idées sur l’ordre du monde, quand il en a ou prétend en avoir, c’est le cas du Président Macron.

Avec optimisme, on peut espérer qu’ils permettent de rapprocher des points de vue dans une atmosphère plus propice que les salles de conférence officielles. Ainsi le G7 d’Evian en 2003 donna l’occasion à George W Bush d’afficher une entente avec Chirac dont tout le séparait sur l’affaire irakienne.

Comme l’indique le site officiel du G7 : « Groupe informel, le G7 n’a ni existence juridique, ni secrétariat permanent, ni membre de droit et c’est la présidence annuelle tournante, assurée par l’un des sept pays, qui fournit les moyens nécessaires aux travaux du groupe » en mobilisant de nombreux experts, responsables politiques et membres de la société civile tout au long de l’année.
Le G7 doit ainsi aboutir à la signature d’un communiqué final, qui énonce de nouvelles actions à mettre en œuvre. Ce qui relève le plus souvent du vœu pieux.

On peut s’attendre à ce que le G7 de Biarritz, sur fond de Brexit, de conflits commerciaux attisés par son principal participant, M. Trump, et tout récemment de ralentissement inquiétant de la croissance dans plusieurs de ses membres, dont l’Allemagne, ne connaisse pas un meilleur sort.

La lutte contre les inégalités, le soutien à l’Afrique, la promotion de l’égalité homme-femme et autres thèmes propulsés par la Présidence française à l’ordre du jour de ce sommet, face aux alter mondialistes qui reprochent au G7 de ne conforter que les puissants, trouveront-ils leur place dans ce contexte ?
Mme Macron accueille ses homologues dans un des villages les plus charmants du Pays basque, Espelette (les Basques l’écrivent avec un seul « t »), pour bien montrer aux critiques locaux de plus en plus virulents que les leaders ne restent pas enfermés dans leur hôtel de luxe mais entendent aussi les voix de la base, en espérant que les vociférations des altermondialistes ne couvriront pas les charmants chants de bergers…

Pire, les crises internationales ne risquent-elles pas, comme ça a été souvent le cas, de détourner l’ordre du jour ?

On note que mis à la porte suite à l’annexion de la Crimée, M.Poutine est reçu, quelques jours avant le sommet de Biarritz, par le Président en exercice du G7, M. Macron, qui aura ainsi la possibilité de l’associer aux débats en cours. Des solutions pourront-elles être trouvées à la crise persistante de l’ex-URSS constamment tentée par l’autoritarisme ?

Bien que la Chine ne fasse pas partie du G7, celui-ci pourrait-il se tenir et se conclure comme si de rien n’était si la crise de Hongkong débouchait sur un bain de sang ?

Le G7 doit-il alors céder la place à une instance plus large, plus représentative de la société internationale ?
Le 14ème sommet du G20 vient de se tenir en juin dernier à Osaka. Il a permis aux deux puissances économiques du 21ème siècle, l’une déclinante, les Etats-Unis, l’autre montante, la Chine, de poursuivre leur dialogue conflictuel.
Vont-elles échapper au piège de Thucydide, c’est-à-dire la guerre, car une guerre commerciale peut vite déraper en une guerre tout court ?

Avec optimisme, il faut espérer que tous ces sommets, aussi pesants soient-ils, avec leur cortège de discussions à tous les niveaux, balisent un sentier de paix.