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Un nouveau Premier ministre à Singapour : Lawrence Wong/A new Prime Minister for Singapore : Lawrence Wong
mardi 28 mai 2024, par
Et alors, un Premier ministre de plus, ça n’a rien d’exceptionnel – dans les démocraties à l’européenne, il ou elle change bien souvent, non ?
So, one more prime minister is not unusual - in European-style democracies, he or she drops out quite often, right ?
Un nouveau premier ministre à Singapour : Lawrence Wong
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ASEAN et pays d’Asie du Sud-Est/ASEAN and South East countries
Du lundi 18 juillet 2022
Et alors, un Premier ministre de plus, ça n’a rien d’exceptionnel – dans les démocraties à l’européenne, il ou elle change bien souvent, non ?
Selon de nombreux commentaires, la nomination à Singapour d’un nouveau premier ministre ne va pas changer grand chose. Eh bien, tout n’est pas ordinaire dans ce changement. Lawrence Wong Shyun Tsai pour être précis est né le 18 décembre 1972 à Singapour où il a occupé diverses fonctions, notamment ministre des finances depuis 2021 et Premier ministre depuis le 15 mai dernier.
Beaucoup de premières pour Lawrence Wong : né bien après l’indépendance de la cité-Etat (1965), il n’a pas vécu la transition chaotique de Singapour d’une colonie britannique à un exemple unique d’enrichissement et les vicissitudes initiales du pays décolonisé.
Il est le premier nouveau Premier ministre en 20 ans – il était l’adjoint du sortant Lee Hsien Loong.
Il est aussi, c’est peu fréquent, chrétien (méthodiste) dans un pays où c’est le confucianisme qui a dominé jusqu’à présent. Certes, on ne badine pas à Singapour avec la laïcité, garantie que les troubles qu’elle a connus à l’indépendance ne se reproduisent pas. L’auteur de ces lignes se souvient que deux Singapouriens avaient été arrêtés et coffrés un certain temps pour avoir commis dans un taxi des propos anti-musulmans. Ou qu’à l’inauguration d’un navire, tous les servants des religions reconnues (12 ou 13 !) le bénissaient, tous ensemble et en priant à voix basse. N’empêche, pour la première fois ce pays non chrétien a un premier ministre qui l’est, pluralisme pas si fréquent.
Autres éléments de sa biographie peu conforme, il a fait ses études de base dans le quartier de son appartement du Housing and Development Board (HDB) où habitent 80% des Singapouriens – son père était commercial et sa mère institutrice dans l’école primaire qu’il a fréquentée – en général l’élite est scolarisée dans des établissements plus chic et plus chers. Pour ses études supérieures, il n’a pas été inscrit à « Oxbridge » mais dans l’Université moins connue de Wisconsin-Madison – c’est aux Etats-Unis que se trouvent ses musiciens préférés ; il est divorcé, n’a pas eu d’enfant avec son épouse actuelle et joue de la guitare. Tout cela fait partie de son image, celle d’un homme simple, à qui tout un chacun peut parler.
Ce n’est en revanche pas une première, le nouveau Premier ministre ne fait pas partie de la dynastie Lee qui a compté Lee Kuan Yew, le fondateur puis membre du gouvernement (Minister Mentor) jusqu’à 2011 et encore parlementaire jusqu’à sa mort en 2015. Puis son fils Lee Hsien Loong, Premier ministre depuis 2004, a choisi son successeur. C’est dire que la dynastie n’a jamais cessé de veiller aux intérêts de la cité-Etat.
Et c’est aussi parce qu’il a fait ses preuves comme technocrate de haut niveau qu’elle lui a fait confiance car le dogme en vigueur reste celui de la méritocratie. Il a été remarqué en co-présidant l’équipe présentant le bilan de la Covid dès 2020 en veillant à ce qu’elle frappe le moins possible et est ensuite devenu ministre des finances puis vice-premier ministre.
Il lui reste à conduire l’inusable People’s Action Party (PAP), qui gouverne sans partage depuis l’indépendance à des élections générales prévues au plus tard en novembre 2025. Il a pris soin de nommer vice-premier ministres deux sexagénaires, donc plus âgés que lui, dont l’un, Gan Kim Yong est aussi ministre du commerce extérieur et membre avec lui du groupe de travail interministériel qui a jugulé la Covid.
Alors, Singapour immuable ou en transition ?
La continuité devrait l’emporter car c’est elle qui a fait de la cité-Etat un modèle mondialement reconnu.
Celle-ci est pourtant minuscule et ne dispose d’aucune ressource. Quand la Malaisie voulait sa mort, elle lui a coupé l’eau. Ses dirigeants ont alors entrepris de récupérer l’eau de pluie et la stocker en profondeur, étonnante cathédrale souterraine que l’auteur de ces lignes a eu la chance de visiter. Le démiurge Lee Kuan Yew l’a théorisé dans son livre « From 3rd world to 1st » : la difficile survie de Singapour dépendait de sa capacité à surmonter, grâce à une technologie de haut niveau, des défis tels que ci-dessus, donc à accueillir les meilleurs Universités et centres de recherche et à dispenser une excellente éducation à leurs élèves ainsi qu’un ordre inflexible, garant de la vie au jour le jour (pas de grève, pas de syndicats, la presse « libre » de faire des articles sur tout sauf Singapour)...
Tout cela a permis l’accueil de grands événements comme le « Shangri-La dialogue » où chefs d’Etat et ministres peuvent être accueillis en toute sécurité, la réunion d’un comité international olympique où le choix du lieu des JO s’est décidée ou plus récemment la rencontre Président Trump-dictateur nord-coréeen Kim Jong Un en juin 2018.
Moins visible mais relevant d’une même logique, le « tourisme médical » est florissant : les soins sont de niveau mondial et les accompagnants trouvent attenant à l’hôpital l’hôtellerie nécessaire. C’est souvent là que se font soigner les dirigeants – ils en ont les moyens – par exemple les généraux factieux birmans, voisinant avec leurs opposants réfgiés qui, eux, font vivre la « Rangoon town » à quelques encablures.
L’activité d’hospitalité (au moins 3 Milliards USD pour la seule hôtellerie) n’est jamais gratuite et est devenue une importante activité au fil du temps.
A Singapour, tout se monnaie (le regretté Eric Teo disait de ses compatriotes que la seule musique qu’ils aimaient était le bruit du tiroir-caisse...), l’économie y est donc prioritaire sur la base des entreprises les plus performantes. 3 exemples français (Singapour est un de ses principaux marchés en Asie) : la construction du métro a fait sa place à Alstom, celle d’un complexe sportif extraordinaire construit par une filiale de Bouygues, l’accueil d’une usine de semi-conducteurs issue du groupe ST Microelectronics.
Ce sont aussi l’efficacité et la productivité qui ont fait du port un des plus importants du monde : l’usage de moyens techniques sophistiqués comme le code-barre permettent de traiter le dédouanement et la sortie ou le transbordement des containers très rapidement. Au point que certaines compagnies maritimes préfèrent le transit par Singapour à une route plus directe pour en bénéficier.
Adepte dès l’origine de la mondialisation, Singapour en est en pratique le héraut. C’est à la fois la garantie d’avoir les meilleurs prix dans un pays qui ne produit à peu près rien et en même temps un objectif politique : il faut être en bons termes avec tous, ne privilégier ouvertement aucune alliance. Ainsi, rien ne met la cité-Etat plus mal à l’aise que de devoir prendre parti pour les Etats-Unis ou la Chine. Les premiers en protègent de facto l’intégrité, l’argent du dernier est bienvenu, mais il ne faudrait pas, comme a tenté de le faire Xi Jinping s’adressant aux Chinois d’outre-mer, revendiquer les origines en l’occurrence hainanaises de M. Wong pour en faire l’exemple de son « rêve » : la diaspora chinoise qui a formé la majorité de la cité-Etat était constituée de gens à qui on avait fait comprendre qu’ils devaient trouver ailleurs les moyens d’assurer leur bien-être.
Plus spectaculaire encore, la création d’une activité de « banque islamique » destinée à attirer les financements venus du Golfe. Dans un pays où les musulmans sont très minoritaires, il ne s’agit que de capter des flux financiers en proposant des taux d’intérêt avantageux tout en respectant la charia.
Derrière tous ces exemples, qu’il s’agisse de promouvoir une industrie, d’attirer un institut de formation de haut niveau ou de développer une technologie de pointe, on trouve toujours un habile mélange de pilotage par l’Etat, notamment l’Economic Development Board (EDB) et d’initiative privée – n’oublions pas que Singapour a été créée contre le socialisme.
Alors, le nouveau premier ministre en restera à la continuité ?
Le voudrait-il que ce n’est pas possible car le vent du changement s’est levé et il va en tenir compte.
Le plus radical serait que le PAP perde le pouvoir, ou soit obligé de former une coalition avec tout ou partie de l’opposition ; celle-ci a obtenu son meilleur résultat historique en 2020.
Lawrence Wong reconnaît – sans doute à des fins rhétoriques – que l’alternance pourrait se produire. Le PAP a montré qu’il pouvait utiliser toutes sortes de méthodes « légales » mais pas toujours loyales pour l’éviter.
Les plus grands risques pour le pouvoir viennent en fait de l’intérieur et M. Wong doit s’en préoccuper. La corruption, alors que la cité-Etat se vantait de l’avoir éradiquée (mais certains disent qu’elle est incorporée au système) a conduit à l’arrestation de l’ex-ministre des transports S.Iswaran en juillet 2023 pour avoir reçu divers avantages. D’autres scandales ont contribué à éroder la confiance de l’opinion, notamment le soupçon que les ministres de la Justice et des Affaires étrangères aient bénéficié d’appartements spacieux alors que le coût du logement est pour beaucoup de Singapouriens prohibitif.
Lee Hsien Loong a aussi connu de graves accusations de membres de sa famille : il aurait, selon ses frère et soeur, dérogé aux instructions de son père Lee Kuan Yew, fondateur de la cité-Etat, en ne faisant pas encore détruire sa maison car le patriarche ne voulait pas qu’elle soit transformée à sa mort en musée à sa mémoire. Au lieu que le linge sale soit lavé en famille, la querelle a été largement commentée en public car les réseaux sociaux en ont témoigné et elle s’est étendue à Ho Ching, épouse du premier ministre et directrice de Temasek, puissant fonds souverain de la cité-Etat : ça ne se fait pas.
Cette affaire pourrait être une des raisons du mauvais résultat du PAP aux élections de juillet 2020 : il n’a fait « que » 61% des voix.
Il appartient donc au nouveau premier ministre, dans son style, de montrer que la gestion de Singapour évolue.
Hors de question jusqu’aux dernières années, une préoccupation pour la politique sociale se fait jour. Comme le note « the Economist Intelligence Unit », le gouvernement envisage une assurance-chômage selon certaines conditions. Mais il n’est pas question d’effaroucher les entreprises sur lesquelles repose la prospérité de la cité-Etat.
Lawrence Wong s’est fait connaître par sa proximité des citoyens et sa disposition à l’adaptation. « Ce n’est pas tant que nous allons tuer une vache sacrée pour le plaisir de le faire, mais nous sommes prêts à réexaminer toutes nos hypothèses et à envisager, dans des circonstances différentes, avec des attentes et des besoins sociétaux différents, ce que nous pourrions faire différemment. »
Plus remarquées par la presse et les ONG internationales que par les Singapouriens, les régles pesant sur les travailleurs étrangers (environ 1 Million à comparer à 3.5 Millions de travailleurs autochtones) ont été particulièrement strictes au pire du Covid. On ne sait si leurs conditions de vie seront améliorées.
Reste, et le phénomène n’est pas nouveau, que nombreux sont ceux qui ne supportent plus un pays où tout est réglé, tout fonctionne, la délinquance est certes très faible mais la police omniprésente. Et personne ne connaît de remède à l’effondrement du taux de fécondité, inférieur à 1 alors qu’il faudrait 2,07 enfants par femme pour assurer la continuité des générations.
L’auteur de ces lignes a en mémoire une délégation parlementaire comprenant un des principaux responsables politiques actuels qui admirait l’ordre régnant à Singapour alors que Paris brûlait... Peut-être en a-t-il gardé quelques enseignements ?
Conclusion : souvent critiquée pour son autoritarisme – une chercheuse la qualifie de « démocratie illibérale » comme d’autres régimes du même acabit - la cité-Etat a su se rendre indispensable.
Les exemples ne manquent pas. Lee Kuan Yew raconte dans ses mémoires que des officiels israéliens lui ont proposé de l’aider, en notant les similitudes entre les deux Etats, entourés de pays musulmans, sans profondeur stratégique, Singapour de plus manquait d’eau et cette arme pouvait être utilisée par la Malaisie voisine et les deux pays faisaient face à ces défis grâce à la technologie et une grande efficacité. La réponse du père de la Nation a été qu’il appréciait cette proposition mais que justement, il avait suffisamment d’ennuis avec ses voisins ; il a donc longtemps triché : quand une mission d’Israéliens venait, la presse mentionnait des ... Mexicains. Au bout de quelques années, la ruse a fini par être éventée et Israël a obtenu pignon sur rue pour mener ses activités...culturelles.
C’est en revanche très ouvertement que les pays musulmans du Moyen-Orient contribuent à faire de la cité-Etat une métropole commerciale et bancaire internationales. Qui attaquerait son coffre-fort ?
Ceci dit, Lawrence Wong ne comptera pas forcément très longtemps : il peut perdre les prochaines élections et laisser la place au jeune Lee Hongyi, l’aîné des fils de Lee Hsien Loong qu’il a eu avec son épouse actuelle. Populaire, il se pourrait qu’il devienne le prochain leader. Agé de 37 ans et diplômé du Massachusetts Institute of Technology (MIT), il est actuellement haut fonctionnaire à l’agence gouvernementale de Singapour pour la numérisation...
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A new Prime Minister for Singapore : Lawrence Wong
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ASEAN et pays d’Asie du Sud-Est/ASEAN and South East countries 18/7/2022
So, one more prime minister is not unusual - in European-style democracies, he or she drops out quite often, right ?
According to many commentators, the appointment of a new prime minister in Singapore is not going to change much. Well, not everything about this change is ordinary. Lawrence Wong Shyun Tsai, to be precise, was born on 18 December 1972 in Singapore, where he has held various positions, including Finance Minister since 2021 and Prime Minister since 15 May this year.
Many firsts for Lawrence Wong : born well after the city-state’s independence (1965), he did not live through Singapore’s chaotic transition from a British colony to a unique example of enrichment and the initial vicissitudes of the decolonised country.
He is the first new Prime Minister in 20 years - he was the deputy to the outgoing Lee Hsien Loong.
He is also, unusually, a Christian (Methodist) in a country where Confucianism has dominated until now. Of course, secularism in Singapore is not something to be trifled with, to ensure that the troubles it experienced at independence do not recur. The author of these lines remembers that two Singaporeans were arrested and locked up for a while for making anti-Muslim remarks in a taxi. Or that at the inauguration of a ship, all the servants of the recognised religions (12 or 13 !) blessed it, all together and praying in a low voice. Nonetheless, for the first time this non-Christian country has a Prime Minister who is Christian, a form of pluralism that is not so common.
Another aspect of his unusual biography is that he did his basic education in the neighbourhood of his Housing and Development Board (HDB) flat, where 80% of Singaporeans live - in general, the elite go to fancier, more expensive schools. For his higher education, he didn’t go to Oxbridge but to the lesser-known University of Wisconsin-Madison - it’s in the United States that his favourite musicians are to be found ; he is divorced, has no children with his current wife and plays the guitar. All this is part of his image, that of a simple man, who anyone can talk to.
Not for the first time, however, the new Prime Minister is not part of the Lee dynasty, which included Lee Kuan Yew, the founder and then member of the government (Minister Mentor) until 2011 and still a member of parliament until his death in 2015. Then his son Lee Hsien Loong, Prime Minister since 2004, chose his successor. The dynasty has never stopped looking after the interests of the city-state.
And it is also because he has proven himself as a high-level technocrat that she has placed her trust in him, as the dogma in force remains that of meritocracy. He came to prominence by co-chairing the team presenting the Covid balance sheet from 2020, ensuring that it hit as little as possible, and then became finance minister and then deputy prime minister.
He still has to lead the indefatigable People’s Action Party (PAP), which has ruled unchallenged since independence, into general elections scheduled for November 2025 at the latest. He has taken care to appoint two deputy prime ministers who are in their sixties and therefore older than him, one of whom, Gan Kim Yong, is also foreign trade minister and a member with him of the interministerial task force that curbed Covid.
So, is Singapore unchangeable or in transition ?
Continuity should win out, because it is continuity that has made the city-state a world-renowned model.
Yet Singapore is tiny and has no resources. When Malaysia wanted it dead, it cut off the water. So its leaders set about harvesting rainwater and storing it deep underground, in an astonishing cathedral that the author of these lines was lucky enough to visit. The demiurge Lee Kuan Yew theorised it in his book "From 3rd world to 1st" : Singapore’s difficult survival depended on its ability to overcome, thanks to high-level technology, challenges such as the above, and therefore to host the best Universities and research centres and provide an excellent education for their students, as well as an inflexible order, guaranteeing day-to-day life (no strikes, no trade unions, the press "free" to write articles about everything except Singapore)...
All this has made it possible to host major events such as the "Shangri-La dialogue", where heads of state and ministers can be welcomed in complete safety, the meeting of the International Olympic Committee where the choice of venue for the Olympic Games was decided, and more recently the meeting between President Trump and North Korean dictator Kim Jong Un in June 2018.
Less visible but following the same logic, "medical tourism" is flourishing : the care is world-class and those accompanying the patient can find the necessary accommodation next to the hospital. It is often here that the leaders are treated - they have the means to do so - for example the factious Burmese generals, who live side by side with their rebellious opponents who, for their part, bring life to the "Rangoon town" just a stone’s throw away.
The hospitality business (at least USD 3 billion in hotels alone) is never free and has become a major business over time.
In Singapore, everything is for money (the late Eric Teo used to say of his compatriots that the only music they liked was the sound of the cash drawer...), so the economy is a priority based on the best-performing companies. 3 French examples (Singapore is one of its main markets in Asia) : the construction of the metro made room for Alstom, the construction of an extraordinary sports complex built by a Bouygues subsidiary, the hosting of a semi-conductor factory from the ST Microelectronics group.
Efficiency and productivity have also made the port one of the most important in the world : the use of sophisticated technology such as barcodes means that customs clearance and the exit or transhipment of containers can be handled very quickly. So much so that some shipping lines prefer to transit through Singapore rather than take a more direct route to take advantage of its performance.
A supporter of globalisation from the outset, Singapore is in practice its herald. It is both a guarantee of getting the best prices in a country that produces next to nothing, and a political objective : it has to be on good terms with everyone, not openly favouring any particular alliance. So nothing makes the city-state more uncomfortable than having to take sides with the United States or China. The former de facto protects its integrity, the latter’s money is welcome, but we should not, as Xi Jinping tried to do when addressing the overseas Chinese, claim Mr Wong’s origins, in this case Hainanese, as an example of his "dream" : the Chinese diaspora that formed the majority of the city-state was made up of people who better understood that they had to find the means to ensure their well-being elsewhere.
Even more spectacular is the creation of an "Islamic bank" to attract financing from the Gulf. In a country where Muslims are very much in the minority, the aim is simply to capture financial flows by offering advantageous interest rates while respecting Sharia law.
Behind all these examples, whether it’s a question of promoting an industry, attracting a high-level training institute or developing cutting-edge technology, there is always a skilful blend of government steering, notably by the Economic Development Board (EDB), and private initiative - let’s not forget that Singapore was created against socialism.
So will the new Prime Minister stick to continuity ?
Even if he wanted to, it’s not possible, because the winds of change are blowing and he will take account of them.
The most radical option would be for the PAP to lose power, or to be forced to form a coalition with all or part of the opposition, which achieved its best ever result in 2020.
Lawrence Wong acknowledges - no doubt for rhetorical purposes - that change of guards could happen. The PAP has shown that it can use all sorts of "legal" but not always fair methods to avoid it.
The greatest risks to power actually come from within, and Mr Wong needs to be concerned about them. Corruption, while the city-state boasted of having eradicated it (but some say it is built into the system), led to the arrest of former transport minister S. Iswaran in July 2023 for receiving various benefits. Other scandals have contributed to the erosion of public confidence, notably the suspicion that the Ministers of Justice and Foreign Affairs benefited from spacious flats when the cost of housing is prohibitive for many Singaporeans.
Lee Hsien Loong has also faced serious accusations from members of his own family : according to his brother and sister, he failed to comply with the instructions of his father Lee Kuan Yew, the founder of the city-state, by not yet having his house demolished because the patriarch did not want it to be turned into a museum in his memory when he died. Opposite to the tradition, dirty laundry was washed in public where it was widely commented, as the social networks bore witness, and it spread to Ho Ching, wife of the Prime Minister and director of Temasek, the city-state’s powerful sovereign wealth fund.
This affair could be one of the reasons for the PAP’s poor result in the July 2020 elections : it won "only" 61% of the vote.
More noticed by the press and international NGOs than by Singaporeans, the rules on foreign workers (around 1 million compared with 3.5 million indigenous workers) were particularly strict at Covid’s worst. We don’t know whether their living conditions will improve.
The fact remains, and this is not a new phenomenon, that many people can no longer stand a country where everything is regulated, everything works, crime is admittedly very low but the police are omnipresent. And no one knows what to do about the collapse of the fertility rate, which is below 1 when 2.05 children per woman are needed to ensure the continuity of generations.
The author of these lines remembers a parliamentary delegation including one of today’s leading politicians who admired the order prevailing in Singapore while Paris was burning... Perhaps he has learnt from it ?
Conclusion : often criticised for its authoritarianism - one researcher describes it as an "illiberal democracy" like other regimes of the same ilk - the city-state has managed to make itself indispensable.
There is no shortage of examples. Lee Kuan Yew recounts in his memoirs that Israeli officials offered to help him, noting the similarities between the two states : surrounded by Muslim countries, with no strategic depth, Singapore also lacked water, a weapon that could be used by neighbouring Malaysia, and both countries faced these challenges with technology and great efficiency. The response from the Father of the Nation was that he appreciated the proposal, but that he had enough problems with his neighbours ; so he cheated for a long time : when a mission of Israelis came, the press mentioned ... Mexicans. After a few years, the ruse was finally exposed and Israel was allowed to carry out its... cultural activities.
On the other hand, the Muslim countries of the Middle East are very openly helping to turn the city-state into an international commercial and banking metropolis. Who would attack its safe ?
That said, Lawrence Wong may not be around for very long : he may lose the next elections and make way for the young Lee Hongyi, the eldest son of Lee Hsien Loong, whom he had with his current wife. Popular, he could become the next leader. Aged 37 and a graduate of the Massachusetts Institute of Technology (MIT), he is currently a senior civil servant at the Singapore government agency for digitisation...
Voir en ligne : Un nouveau premier ministre à Singapour : Lawrence Wong