Accueil > Blog > Japon France/Japan France

Japon France/Japan France

jeudi 6 janvier 2022, par Yves

Au-delà du poncif, nombreux sont les points communs entre le Japon et la France même si bien sûr les différences existent, en tout cas on ne peut plus s’ignorer de part et d’autre.
Beyond the cliché, there are many common points even if course tehy are different. Anyway, it is impossible nowadays to ignore each other.

Qu’y a-t-il de commun entre le Japon et la France ? 

C’est un poncif pour ceux qui connaissent un peu les deux pays comme l’auteur de ces lignes, mais pour ceux qui n’ont pas eu cette chance ?
En France, on ne parle à peu près jamais du Japon, sauf quand ont lieu les Jeux Olympiques ou une catastrophe comme celle de Fukushima il y a dix ans, quitte à voir paniquer et s’enfuir des artistes qui confondent la centrale nucléaire détruite par un tsunami particulièrement violent et Hiroshima : ils ont vu le nuage les tuer alors que plusieurs centaines de km les en séparaient. D’ailleurs, on aime employer des mots japonais signifiant un événement terrifiant comme le « tsunami », quitte à l’utiliser de manière erronée puisque ce mot désigne les conséquences d’un tremblement de terre comme on n’en a pas vu en Europe depuis Santorin il y a au moins 3000 ans…

Le Japon est partout
Pourtant, le Japon est partout : les traductions de mangas, la littérature, les musiciens, le théâtre classique mais aussi moderne bref, tout ce qui exprime, quitte à confondre ici Japonais, Coréens et Chinois - on ne parle que d’1,6 Millards de personnes, à peine plus que Bretons et Auvergnats. Il est vrai, comme le disait en ma présence une journaliste, qu’une petite semaine suffisait pour ce qu’il y avait à y voir...

De quel Japon parle-t-on ?
Mais alors, comment comprendre un tel paradoxe entre engouement et superficialité ? Qu’on me pardonne, il faut commencer par l’étudier, et si possible apprendre à écrire sa difficile langue, ce qui est quasi impossible si on n’est pas né dans l’archipel.

Il y a bien sûr, comme dans tout pays un peu vaste, le contraste capitale-province mais dans le cas du Japon il ne se traduit pas complètement par un contraste ville-campagne car bien souvent, la campagne est dans la ville à condition de la voir au ras du sol et ne pas rester sur l’autoroute, au 5ème étage des immeubles d’habitation, qui permet d’aller plus vite.
Sans doute plus qu’ailleurs, chacun construit-il dans son imagination « son » Japon, reflet de son histoire et de ses goûts, imprévisible et mécanique comme dans le film « Lost in translation » ou tendre et familier comme dans ce roman porté à l’écran en 2015 : « Les délices de Tokyo » où une vieille dame vend aux écoliers des « dorayaki », petits gâteaux grillés, pour arrondir une retraite insuffisante.

C’est qu’il faut y tenir compte du temps, celui de l’histoire comme celui des personnes. Quelques exemples :

Rapprochements...

« Le dit du Genji » a été écrit par une femme, or n’est-ce pas aujourd’hui que l’écriture de femmes devient courante en France, davantage semble-t-il en littérature que dans les rapports scientifiques ? Pourtant, l’ordre chronologique n’est pas le même entre ce roman, écrit pour la première fois autour de l’an Mil et qui fait figure au Japon de classique, et un Moyen Age plus tardif en France.

De même, les beuveries du Japon actuel rappellent celles de l’époque Heian (710-794).

Le thé apparu à l’époque Kamakura, qui se termine en 1333 et la rigueur accentuée au cours de l’époque Edo (1603-1867) ne constituent-ils pas des invariants malgré les siècles qui nous séparent de ces phénomènes socio-politiques ?

Ministre de l’éducation de 1886 à son assassinat en 1889, Mori Arinori établit un étroit contrôle sur les manuels scolaires. N’ a -t-il pas été inspiré par Jules Ferry, ministre de l’instruction publique de 1879 à 1883, qui a tenté de mettre en oeuvre une centralisation sans nuances du système éducatif ? L’un comme l’autre ne sont pas restés ministres longtemps et cela ne leur a pas permis de mettre en place les réformes durables qu’ils souhaitaient. Le second a directement participé à l’aventure coloniale, le premier lui a préparé le terrain.

Plus près de nous, l’écrivain Mori Ogai, qui après avoir été médecin militaire a préféré devenir auteur, au tournant du 20ème siècle, ne nous fait-il pas penser à ce libraire français contemporain qui a étudié la médecine avant de lire des livres ?

A travers ces rapprochements, on s’aperçoit que Japon et France se ressemblent plus qu’on ne l’avait soupçonné.
Passons sur la gastronomie-fusion qui échange de plus en plus les saveurs et les textures.

Mais comment ne pas voir qu’avec quelques décennies de décalage, les dirigeants de part et d’autre, Empereurs nominalement mais en fait shogun et Rois de France s’appuyant le plus souvent sur leurs ministres ont à 10 000 km de distance appliqué avec méthode et la même brutalité une politique de domestication des grands féodaux au profit du souverain et de sa capitale ? Et que cette politique, à travers les vicissitudes de l’histoire, a façonné de la même manière deux pays de plus en plus centralistes jusqu’à aujourd’hui ?

N’allongeons pas la liste ; le Japon n’a-t-il pas ses « Girondins », représentants du « Ura Nihon » ( le Japon de l’arrière), campagnard alors que les villes n’ont cessé de se développer et qu’en France les Montagnards ont gagné, près de deux siècles plus tard la même victoire que l’Est japonais urbanisé sur l’Ouest rural à Sekigahara en 1600 ?

... mais aussi divergences
Cela dit, les différences sont patentes, qu’il s’agisse de la condition féminine ou de l’attitude à l’égard de l’immigration qui restent arriérées au Japon alors qu’elles ont progressé en France ou quand les dirigeants du Japon d’il ya trois siècles l’ont presque complètement fermé par la politique de « sakoku » (isolement) alors que la France a toujours été une terre de mélange - c’est plus facile de boucler quelques îles qu’un continent. A l’heure où un si grand nombre nombre de députés français sont victimes de menaces de mort qu’il faut leur assurer une protection policière, penser à sa sécurité, n’est-ce pas une préoccupation primordiale ?

Comparaison hasardeuses.
C’est vrai, « comparaison n’est pas raison » et des Historiens trouveront ces rapprochements abusifs, mais il faut parfois oser sortir des sentiers battus.

Mais la France ne peut plus ignorer le Japon.
On est certes encore en janvier, pourtant il n’est pas trop tôt pour évoquer le renouveau : un Président de la république française, le premier de son espèce, s’est senti obligé de lire assez bien quelques mots en langue japonaise car la plus grande rapidité du voyage - on va plus vite que du temps de l’auteur de ces lignes et la génération de ses parents passait jusqu’à un mois en mer - et surtout l’immédiateté des télécommunications permettent aujourd’hui à un message d’être diffusé instantanément partout. Il est donc utile à l’image dudit Président de montrer qu’il est capable de parler plusieurs langues.

Faire un voeu pour 2022 est encore admis alors formulons celui-ci : que le Japon s’ouvre enfin définitivement sans prendre prétexte d’une maladie mondiale !

***

What is common to Japan and France ?

To compare Japan and France, it is a cliché for those who partially know something of both countries the way this author tries to, but how about those who didn’t have that chance ?

In France, we seldom hear about Japan, except when there are Olympic games or a disaster like the one in Fukushima ten years ago, even if artists panicked and fled, mixing up Fukushima and Hiroshima : they were afraid of being killed by the cloud while they were apart by hundreds of kms... By the way, Japanese words for a terrifying event are used, like “tsunami”, even if it is a wrong meaning since it is about the consequences of an earthquake like one we couldn’t see in Europe since Santorini 3000 years ago.

Still Japan is everywhere : tanslations of mangas, litterature, musicians, classical theater but also the modern brood, in a word every kind of expression, even if Japanese, Chinese and Koreans are mixed up – we talk of just 1.6 Bn people, hardly more than Brittons and Auvergnats. It is true a journalist told in front of me in Tokyo one short week was enough to see what was of interest for her.

So how to understand such a paradox between passion and superficiality ? Sorry but first, one has to study it, and if possible to learn how to write this difficult language, and it is almost impossible when one wasn’t born in the archipelago.
Of course there are, like in every wide enough country, a contrast headtown-province but in the case of Japan, it doesn’t completely translate into a contrast city-countryside because more often than not, the countryside is inside the city, provided it is seen by walking or cycling on the ground and you don’t stay on the highway, at the 5th floor of apartments, which allows to drive faster.
Probably more than else where, everone builds in his imagination “his/her” Japan, reflecting personal history and tastes, unpredictable and mecanicist like in the movie “Lost in translation” or sweet and familiar like in this novel which was brought to the screen in 2015, “Delicacies of Tokyo” where an old woman sells schoolchildren “dorayaki”, little fried cakes, in order to complement her insufficient retirement package.
It is necessary to take into account time, the one of history as well as of persons. A few examples :

  « Genji monogatari » was written by a woman. Women’s writing, is it not becoming better selling in France, more as it seems in litterature than in scientific reports ? Yet the chronological order is not the same with that novel, written for the first time in roughly year 1000 and seen in Japan as a classic, and French Middle Age which begun later ?

  Samely, drinking too much in nowadays Japan reminds us of Heian Jidai (710-794).

  Tea, appearing in Kamakura times, ending in 1333, and a strict protocol which was strengthened in Edo times (1603-1867), aren’t they invariants although centuries keep us far away from these socio-economic issues ?

  Minister of Education from 1886 till he was murdered in 1889, Mori Arinori established a strict control of textbooks. Wasn’t he inspired by Jules Ferry, Minister of public instruction from 1879 to 1883 who tried to initiate an unsubtle centralization of the school system ? Both were not ministers for a long time and couldn’t achieve the reforms they wished. The latter directly partipated in the colonial adventure, the former paved its way.

  Nearer to us, the writer Mori Ôgai, after being a military doctor, prefered to become an author at the turn of the 20th century. Doesn’t he make us think of this present-day French running a book shop who studied medicine before reading books ?

Through these parallels, Japan and France look more like each other than suspected.

But how not to see that with decades’ differences, both rulers, Emperors by name but in fact shoguns and Kings of France most of the time relying on their ministers methodically applied with the same roughness a policy of domesticating in favor of the sovereign and his headtown great feudal lords ? And that this policy, through the ups and downs of history, molded in the same way two more and more centralized countries till today ?

Not to make the listing longer, doesn’t Japan has its “Girondins”, representatives of “Ura Nihon” (Japan of the rear), countrylike while towns never stopped increasing ? Samely, didn’t French “Montagnards” win two centuries later the same victory Japanese urban East won on the rural West in Sekigahara in 1600 ?

Having said so, differences are obvious, wherever they are about gender or behaviour towards immigration still backward in Japan while they have progressed in France or when Japan rulers 3 centuries ago almost closed it with their policy of “sakoku” (isolation) while France was always an earth of mixing – it is easier to close a few islands than a continent. At a time when the number of French lawmakers are victims of death threats is so high that they are given a police protection, to think of one’s security, isn’t it a worldwide including Japanese concern ?
It is true, “comparison is not reason” and Historians will find these rapprochements far-fetched, but it’s sometimes useful to go out of the way.
France cannot ignore Japan anymore. It is still January, but not too early to bring up the renewal : a President of the French Republic, the first of his kind, felt he had to read rather well a few Japanese words because it takes less time to go to the arpelago – less than this author took and his parent’s generation spent up to one month at sea – but above all immediate communications allow now a message to be known everywhere. So it is good for the image of that President to show he is able to speak many languages.

To express a wish for 2022 is still allowed so let’s make this one : that Japan at last opens up without taking a pandemic as a pretext !