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Livres d’ambassadeurs.
mardi 15 septembre 2020, par
Les mémoires d’ambassadeurs sont rarement intéressantes mais il y a heureusement des exceptions.
Ambassadors’ memorabilia are rarely interesting but there are exceptions.
On me demande parfois si au lieu d’écrire de brefs articles, je ne ferais pas mieux, comme l’ont fait des collègues plus anciens et parfois illustres, d’écrire comme eux des livres de souvenirs diplomatiques.
Bien trop peu enclin à écrire longuement et n’ayant pris de notes de mes activités que de manière discontinue, je me mets aussi et surtout à la place des lecteurs. Sont-ils nombreux à lire ces livres de souvenirs d’ex-ambassadeurs ? J’en suis d’autant moins sûr que cette lecture suscite rarement chez moi l’enthousiasme…
Et les rayons des marchands de livres sont assez encombrés pour ne pas en rajouter !
A cela s’ajoute le fait que la qualité de l’écriture ne garantit pas le succès, comme en témoignent deux livres d’anciens ambassadeurs de très haut niveau. Les lire s’est finalement avéré fort intéressant.
Les dernières semaines m’ont en effet permis de lire de John Bolton « The room where it happened » (Simon & Schuster) et de Claude Martin « La diplomatie n’est pas un dîner de gala » (L’Aube).
Qu’on ne s’y trompe pas, John Bolton et Claude Martin sont d’anciens ambassadeurs très différents et ce qu’ils ont écrit l’est également. Mais des points communs entre eux existent et les lire l’un après l’autre ne manque pas de sens.
John Bolton n’a exercé les fonctions d’ambassadeur que durant un an et demie, quand il a représenté le Président George W. Bush et son pays aux Nations Unies (2005-2006).
Alors que Claude Martin a fait toute sa carrière professionnelle dans la diplomatie où il a acquis à vie la distinction rare d’ambassadeur de France.
Privilège de la langue américaine, le dernier livre de John Bolton qui fut « National Security Advisor » du Président Trump pendant 453 jours atteignait déjà le million d’exemplaires vendus dès le premier jour de sa publication début 2020 !
Une partie de ce succès commercial vient aussi du parfum de scandale que son éditeur a su valoriser, puisque l’abondante couverture de presse a mis l’accent sur sa dénonciation d’un Président dont la réélection est censée passionner le monde. John Bolton avait été auparavant conseiller de plusieurs présidents républicains et, comme lui, néo-conservateurs : Reagan, George Bush père et fils.
Celui de Claude Martin paru en 2018 s’est, je le crains, moins vendu mais c’est une vraie œuvre littéraire d’ambassadeur sachant écrire en français. Je peux témoigner que lorsqu’il était diplomate - j’ai un peu côtoyé Claude Martin, dont un article retentissant ne fut pas pour rien dans mon choix de ce métier - aimait écrire.
Son livre en porte la marque, il est passionnant car son auteur est passionné par les pays qu’il traite, au premier rang desquels la Chine et les Chinois, pas seulement ses dirigeants mais aussi ses artistes, son peuple, sa terre…
Claude Martin est un des très rares ambassadeurs qui ont un vrai goût pour la diplomatie, à la fois pour elle-même mais aussi comme moyen de connaître le pays où ils se trouvent.
John Bolton, un militaire devenu acteur de la vie politique au plus haut niveau, voit dans les pays des dossiers dont les acteurs sont ou des ennemis ou, à la rigueur, des alliés à condition qu’ils se conforment à l’intérêt américain tel qu’il l’entend. Dès lors, l’action à plusieurs, qu’elle soit pluri ou multilatérale, n’est utile que si elle sert cet intérêt.
Ils sont donc bien différents mais ces deux personnages ont en commun ce qui devrait aller de soi : l’amour de leur pays. Alors qu’en réalité, leurs livres le dépeignent abondamment, ce qui devrait être un métier au service des élus de la démocratie est le plus souvent dominé par l’intérêt personnel…
Ces deux ambassadeurs ont ainsi en commun d’avoir choisi l’intérêt national par fidélité aux idéaux de leurs maîtres à penser ou de leurs inspirateurs idéologiques respectifs, de Gaulle chez l’un, les conservateurs chez l’autre.
Claude Martin est resté fidèle au choix de rester à l’écart de la politique, mettant sa connaissance des pays dont il traite au service des hommes et quelquefois des femmes politiques. A-t-il été tenté par une carrière politique personnelle ? Rien à ce sujet ne transparaît dans son ouvrage.
John Bolton n’a pas non plus recherché le suffrage populaire. Il défend ses idées, sans ambiguïté néo-conservatrices, et ne supporte pas le manque de cohérence du président à les traduire en politique.
Après avoir évoqué ces deux grands ambassadeurs, l’auteur de ces lignes reviendra prochainement sur chacun de leurs deux ouvrages.
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As I was not really thinking of writing a book neither keeping accurate notes of my deeds, I also thought of the readers. Do they really like reading former ambassadors memories ? I doubt it, not being a usual enthusiast of such souvenirs...
And there are so many books on the shelves of book shops, they don’t need any overloading !
It should be added that the quality of the text is no guarantee for a commercial success, as is exemplified by the books of two very high level ambassadors.
But eventually, to read both of them was very interesting.
The last weeks gave me the opportunity to read John Bolton’s « The room where it happened » (Simon & Schuster) and Claude Martin’s « La diplomatie n’est pas un dîner de gala » (L’Aube).
Don’t miss the point, they were very different from each other and what they write as well. But there are common points between them and to read them one after the other made sense.
John Bolton was an ambassador for only 1year and a half in 2005-2006, when he represented the President George W. Bush and his country in the United Nations.
Whereas Claude Martin ran all his career as a diplomat where he was promoted to the rare title of Ambassadeur de France.
Due to be written in the American language, John Bolton ‘s book about the 453 days he spent as a « National Security Advisor » to President Trump sold immediately 1 million copies when it went to publication in early 2020.
Part of that tremendous success was due to the skills of his publisher as the medias pointed his testimony about a president whose campaign for reelection is supposed to concern the whole world. John Bolton had been an advisor for three Republican neo cons administrations, those of Reagan and the Bush, father and son.
I am afraid Claude Martin’s book, which was published in 2018, didn’t sell as many copies, but his book is real literature written by an Ambassador who knowing how to use the French language.
I can testify that when he was a diplomat - he was one of my bosses and a controversial article he published in the 80’s was part of my choice of career - he loved to write.
His book displays it because he is passionate about the countries he is assigned to, first of all China and the Chinese, not only the leaders but also its people, its land...
Claude Martin is one of the rare ambassadors who work as a diplomat not only for the sake of diplomacy but also because it gives them the means to explore in depth the country where they work.
John Bolton, a soldier who became an actor in political life at the highest level, considers countries as files where their leaders are either enemies or allies provided they follow the American interests the way he means it. So collective action, whether it is pluri or multialteral, is useful only when it supports these interests.
These two are very different but they have in common what should be a given but is not : love for their country. In reality, and their books depict it extensively, what should be a job in support of democratically elected people is most often dominated by personal interest…
They have in common to choose the national interest by being faithful to their mentor or their ideological orientation, De Gaulle for one, conservatism for the other one.
Claude Martin kept to his choice not to mingle with politics, providing his knowledge about the countries he knew well to politicians, males and when the opportunity happened females. Was he tempted by a personal political career ? Nothing in his work supports that hypothesis.
John Bolton didn’t either compete for the popular vote. He supported his ideas, without any doubt neo-conservative, and didn’t accept the incoherence of the president when these ideas should be translated into policies.
After evoking these two high level ambassadors, the author of this article will soon comment each of their works.